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Belle présentation de l’œuvre pour cordes du Canadien Jacques Hétu

Il convient de répondre à l'invitation de Naxos et découvrir ce compositeur canadien fort attrayant décédé en 2010.

est un compositeur et pédagogue, né à Trois Rivières au Québec, venu achever sa formation en France auprès d'Henri Dutilleux et d'Olivier Messiaen. De retour outre- Atlantique, il enseigne à l'université (Laval au Québec et Montréal) avant de devenir professeur à l'Université de Québec en 1979.

Cette revisitation de l'ensemble de sa musique de chambre pour cordes nous procure l'opportunité de découvrir des partitions peu ou pas connues mais également de prendre conscience des évolutions de son style entre 1960 et 2004. Une constante d'écriture ressort, à savoir une capacité à faire se télescoper les formes musicales traditionnelles avec des avancées d'écriture où dominent une expressivité franche et une rythmique virile et âpre, une richesse mélodique en constante métamorphose et enfin une alternance réussie de pages lyriques et tendres et d'autres heurtées et indociles. Un bon exemple de cette dualité se rencontre dans l'intense Quatuor à cordes n° 2 de 1991 avec ses deux Adagios extrêmes entourant un Vivace incisif. Cette partition appartient à la dernière période du maître canadien marquée par davantage d'introspection et de tonalité. A l'inverse, le Quatuor à cordes n° 1 composé une vingtaine d'années auparavant (1972), moins conciliant, moins consensuel, laisse filtrer les influences conjuguées de Bartók et Hindemith, sans oublier les traits percussifs et ardents de nombreux autres contemporains, Français notamment. Le Scherzo pour quatuor à cordes (1992), véritable chef-d'œuvre parfaitement domestiqué, concentre le meilleur de son écriture multiforme qui n'oublie cependant pas de citer les Variations Goldberg de Jean Sébastien Bach. C'est souvent très beau, très réfléchi et très attirant. Le Sextuor pour cordes (2004) repose sur un thème suivi de six variations délivrant une musique riche, variée, faisant alterner mélodies rêveuses et sections d'une grande densité, rythmes de danse légère et passages turbulents et puissants. L'attention reste en éveil montrant l'authenticité d'un discours foisonnant contrastant fortement avec l'œuvre de jeunesse qu'est l'Adagio et Rondo de 1960.

Les instrumentistes retenus pour cette intégrale précieuse sillonnent avec talent ces musiques, en passant d'une humeur à une autre, d'une manière à une autre, au profit d'une écriture, sinon profondément originale, du moins fort intéressante, toujours pertinente, d'écoute instructive et somme toute généreuse.

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