- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Joseph Jongen sur les ailes des vents

Chaque nouvelle parution consacrée au grand compositeur belge (1873-1953) est une véritable fête, et nous apporte un éclairage supplémentaire nous permettant de mieux cerner la personnalité de ce musicien fascinant.

Les œuvres ici présentes concernent toutes des instruments à vent et vont du duo à clavier au sextuor à clavier. La plus ancienne d'entre elles est un bref Lied pour cor et piano (1899) alternant passages lyriques et héroïques, page typique de sa destination de morceau de concours supérieur, en l'occurrence pour le Conservatoire Royal de Musique de Liège. Vient ensuite, plus développée, une Méditation pour cor anglais et piano op. 21 (1901), belle pièce d'un romantisme raffiné que Jongen a dédié à son ami (1870-1965). La Danse lente pour flûte et piano (souvent avec harpe) op. 54 bis (1918, éditée en 1924) est également une page brève, superbe et mélancolique, Jongen étant alors exilé en Angleterre durant les hostilités.

La Rhapsodie pour quintette à vent et piano op. 70 (1922) est de bien tout autre envergure, et fut l'une des œuvres de Jongen les plus souvent jouées, car l'une des plus riches, et il est étonnant qu'elle soit si rare en nos programmes : Ravel n'est pas loin, mais surtout d'Indy et Pierné. Beaucoup d'œuvres de Jongen se présentent sous forme de diptyque, que le compositeur affectionnait particulièrement. C'est le cas des Deux Pièces pour quintette à vent op. 98 de 1933 (Préambule et Danses) dédiées à la Société des Instruments à Vent de Bruxelles, et curieusement publiées par après chez un éditeur de Cincinnati. Dans cette œuvre très élaborée, Jongen, en pleine possession de son art parvenu à maturité, utilise notamment le procédé de l'imitation avec le plus grand bonheur.

Enfin, le Concerto pour quintette à vent op. 124 (1942), son chant du cygne dans le domaine des vents, est dédié au d'alors, dont les instrumentistes de ce disque sont les dignes héritiers. Dans ce chef-d'œuvre automnal de Jongen, les musiciens dialoguent sur un pied d'égalité et font se succéder les diverses section de la partition sans interruption, tout comme dans la Rhapsodie op. 70.

Dans ces superbes pages de musique de chambre, non seulement les vents sont mis à rude épreuve, mais les parties de piano sont souvent redoutables, ce qui n'est guère étonnant de la part d'un compositeur à la technique du clavier (orgue et piano) infaillible. Les instrumentistes à vent de ce disque, issus de l'Orchestre National de Belgique et rompus à toutes les difficultés de ces pages, sont irréprochables et d'un niveau exceptionnel. Ils sont admirablement secondés par le remarquable pianiste qui, soulignons-le, est très familier avec l'esthétique de , puisqu'il nous a déjà gratifié précédemment de trois disques Phaedra contenant ses œuvres. Et la prise de son, réalisée en la Chapelle du Collège Saint-Rembert de Torhout, offrant une splendide aura sonore à toutes ces pages, est un modèle du genre.

(Visited 769 times, 1 visits today)