- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Le Quatuor Casals en magnifique harmonie à Lisbonne

Le est habitué de la belle salle du grand auditorium Gulbenkian à Lisbonne, comme de toute la scène internationale. Fondé en 1997 à Madrid, ce quatuor s'affirme comme le meilleur ensemble du genre en Espagne, sans renier ses racines catalanes.

Très vite, il a remporté des prix importants (Londres, 2000 et Hambourg, 2002, Ciutat de Barcelona, 2005, Prix National de Musique en Espagne en 2006) et développé un important répertoire, et notamment une discographie très complète, reprenant Haydn et Mozart bien sûr, mais aussi de nombreux compositeurs espagnols moins connus (Toldrá, Arriaga), Brahms, et des œuvres plus contemporaines notamment de Bartók ou György Kurtág.

Après avoir reçu le prix de la Fondation Borletti-Buitoni de Londres, le a opté pour l'utilisation d'archets baroques pour interpréter les œuvres de cette période, explorant ainsi une richesse acoustique très intéressante. Ils jouent également les instruments de la collection Stradivarius du Palais Royal de Madrid.

Pour ce nouveau concert à Lisbonne, le programme était constitué de trois quatuors à cordes de Mozart. Le premier (nº8 en fa majeur) a été composé fin 1773 à Vienne, et fait partie de l'ensemble des Quatuors Viennois, très évolués par rapport aux Quatuors Milanais composés un an plus tôt. Avec quatre mouvements (Allegro, Andante, Menuet et Allegro) il est marqué par l'influence de Joseph Haydn. Leur interprétation en est très limpide, ravissant l'auditeur par leur coordination parfaite et la fluidité de l'œuvre. La grande douceur notamment dans le second mouvement s'associe bien avec cette sonorité particulière. Beaucoup d'énergie dans ce jeu impeccable, mais très retenu, même dans le troisième mouvement qui permettrait pourtant plus de brillant.

Le second quatuor (nº14 en sol majeur) a été composé fin 1782, quand Mozart n'avait encore que 26 ans. C'est le premier d'un ensemble de six quatuors dédiés par Mozart à Joseph Haydn, dont il avait alors beaucoup travaillé l'œuvre. L'influence de Haydn est très présente, avec une structure plus complexe, et une grande profondeur. C'est à suite de leur audition que Haydn aurait fait l'éloge de Mozart à son père de Mozart, Léopold : «  Devant Dieu et comme honnête homme, je dis que votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse en personne et par son nom. Il a du gout et, ce qui est plus important, une profonde connaissance de la composition ».  C'est assurément un bel ensemble, très lyrique et chaud dans le premier mouvement, avec beaucoup de surprises et de modulation dans les phrases musicales. On est séduit par la grande aisance des musiciens à l'archet, notamment celle d'Abel Tomás.

La richesse particulière du troisième mouvement, une sorte d'Aria, est saisissante. Très lent, mettant en valeur le premier violon, il y a un côté transcendant dans les harmonies sibyllines très justement interprétées par Abel Tomás. Le contrepoint du quatrième mouvement n'en a que plus de contraste, et on n'arrive pas à prendre en défaut ces quatre musiciens hors pair, qui jouent et se succèdent avec le thème, et laissent à l'entre-acte un public très enthousiaste.

Le dernier quatuor (nº 23 en fa majeur) a été écrit en 1789, un an avant la mort de Mozart. C'est le troisième des Quatuors prussiens. Il se compose de quatre mouvements ( Allegretto moderato, Andante, Menuetto et Allegro). Il fut écrit et dédié au Roi de Prusse, Frédéric Wilhelm II, qui était violoncelliste amateur. L'interprétation en était également très homogène, peut être peut-on regretter que l'américain Jonathan Brown, à l'alto, soit plus en retrait dans ce quatuor que dans le précédent.

Il est vrai qu'il a forte concurrence face à la grande maitrise de Vera Martínez Mehner, au second violon, qui fait partie de ce quatuor depuis le début de l'aventure (elle avait alors 18 ans), se marie bien avec l'aisance d'Abel Tomàs, au premier violon. Tous deux furent élèves de Serguei Fatkouline à l'école supérieure de musique Reina Sofía. Enfin le violoncelle de Arnau Tomàs sonnait avec conviction. Tous les quatre constituent un ensemble techniquement très abouti, dont la ravissante fluidité s'est exprimée avec panache pour un encore qui se devait être de Haydn, en l'espèce le final de « l'oiseau ».

Crédit photographique : Luis Montedeocco Dominguez

(Visited 552 times, 1 visits today)