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Flûtes au pluriel avec Dominique Lemaître

Appelant des résonances cosmiques, Pulsars est le septième CD monographique du compositeur Dominique Lemaitre. L'album scelle une collaboration active autant que fructueuse menée avec le flûtiste émérite et son .

C'est la flûte donc, déclinée dans tous ses registres et sa gamme d'expression, qui est à l'honneur dans sept des huit titres de ce nouveau disque balayant quelques vingt années de composition. Instrument immémorial du souffle originel, de l'incantation et du mystère (Still pour flûte alto), la flûte chez est aussi source d'énergie en phase avec l'activité du cosmos. A l'instar de Gérard Grisey captant les signaux des astres dans Le noir de l'étoile, convoque deux flûtes jumelles dans Pulsars pour exprimer l'irradiance des sonorités et la fulgurance des trajectoires. Dans Ombra della sera, nom d'une petite statuette étrusque en bronze qui exerce son pouvoir d'attraction sur le compositeur, les « mixtures » des trois timbres colorés de souffle (piccolo, flûte et flûte alto) évoquent parfois les jeux d'anche de l'orgue. Des associations que l'on retrouve dans Miroirs de l'attente pour quatuors de flûtes – merveilleux – où les instruments font miroiter les couleurs sous des éclairages sans cesse renouvelés.

Si l'on sent ce qu'il doit à la génération des spectraux dans sa quête des espaces sonores et du champ de la résonance, aime instaurer des climats méditatifs dans un temps très étiré qui maintient l'écoute comme suspendue à la destinée de la trajectoire sonore. Dans De la nuit 2, le piano est la chambre d'écho où s'immerge progressivement la flûte alto dans une atmosphère très sombre et onirique. Dans Côté jardin (à la Villa d'Este), c'est au contraire l'instrument solaire et incantatoire qui prévaut – celui de François Veihlan multipliant les performances solistes dans cet album – et un travail subtil sur l'irisation des sonorités de la flûte. On respire même un certain parfum d'orient dans Cantus, associant la flûte à une riche palette de percussions (mates et résonnantes) offrant des contrastes saisissants de dynamiques et de colorations timbriques. Seule pièce qui ne sollicite pas la flûte et axe médian de cet enregistrement, Échos des cinq éléments pour piano solo est une référence directe à la pensée chinoise. Sous les doigts de , la pièce explore les potentialités spatiales et résonnantes du piano selon divers processus renouvelant d'autant l'écriture et les trajectoires sonores.

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