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Andris Nelsons porte le Concertgebouw d’Amsterdam à son sommet

Pour son deuxième concert en l'espace de quelques semaines, l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam offre au public de la capitale un programme concerto-symphonie qui sonne comme une démonstration irrésistible et sublime.

À la baguette, on trouve ce soir le talentueux . Face à lui, dans le Concerto pour violon de , la grande (et chère) , dont les apparitions  ne manquent pas d'attirer un certain nombre d'auditeurs fidèles. Son interprétation de ce monument post-romantique est marquée par une recherche d'un son ferme et vigoureux, quitte à employer les grands moyens pour projeter les notes dans un flux continu qui ne se soucie guère de l'arrière-plan orchestral. Le jeu au talon surligne le phrasé, aux limites du détimbrage, dans le premier mouvement. ne cherche à aucun moment à entrer en conflit avec des options solistes aux contours envahissants et sur-dimensionnés. Prise à son propre piège dans le « finale », la violoniste allemande se prend les doigts dans le tapis mélismatique et ne se rattrape qu'au dernier moment. Le Bach virtuosissime donné en bis en dit long sur cette volonté de penser la perfection technique en lieu et place de l'émotion…

Avec la Symphonie n°10 de , le  chef letton reprend la main pour imposer à la tête de cette prestigieuse phalange une interprétation inouïe. On ne sait au juste ce qu'il convient d'admirer le plus dans cet assemblage somptueux de timbres et de couleurs. Basée sur une architecture relativement traditionnelle (lent-vif-lent-vif), cette symphonie trouve avec les solistes d'Amsterdam des interprètes de haut vol. La petite harmonie en état de grâce, ne cède en rien à la justesse des intonations côté cuivres. Nelsons ne relâche jamais la tension, sans toutefois donner l'impression qu'il cède à une approche froide et objective. La précision et l'équilibre sont en tous points remarquables (le second mouvement « Allegro » !). Dans le finale, la fantomatique intervention des trombones et la réponse ostinato des cordes marquent durablement.

Alliant transparence chambriste et tutti telluriques, cet orchestre prouve à qui en douterait encore qu'il plane à cent coudées au-dessus de tout ce qu'il est possible d'entre actuellement.

Crédits photographiques : Nelsons Andris © Marco Borggreve

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