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À Munich, Heinz Holliger enchaîne les concertos

On n'entend pas tous les jours sur scène le répertoire pas si étroit de concertos pour hautbois : en une matinée dominicale, le plus célèbre hautboïste du dernier demi-siècle, , en donne trois d'un coup.

Il ne faut pas se dissimuler que courir un tel marathon à 75 ans n'est pas de tout repos : la fin du terrible premier mouvement du concerto de Lebrun pousse Holliger au-delà de ses dernières forces, et on n'échappe que par miracle à l'incident. Reste que l'ensemble du concert montre un instrumentiste en pleine communion avec son instrument et le répertoire qu'il sert : lui qui a tant joué la musique contemporaine, la sienne et celle de ses amis, a de ce répertoire plus ancien une connaissance intime, et les ressources techniques qui lui restent permettent encore une précision dans l'articulation et une variété du phrasé très enviables. Le concerto de Lebrun, avec son instrumentation riche et son sens dramatique, est certainement le sommet du concert, mais le hautbois d'amour utilisé par Bach tout comme le beau duo avec un jeune et brillant collègue, Ramon Ortega Quero, chez Vivaldi constituent une excellente entrée en matière.

Le concert fait partie d'une série de concerts donnés depuis des années par un orchestre de chambre issu de l', sans chef, mais sous la responsabilité d'un des premiers violons de l'orchestre, . Dans les deux œuvres baroques qui constituent la première partie du concert, le poids du répertoire romantique qui fait le quotidien de ces musiciens se fait sentir : contrairement à leurs collègues du Philharmonique de Berlin qui ont réussi à former un ensemble baroque de haut niveau, les musiciens munichois manquent de souplesse et d'éclat, sans assumer pour autant une lecture post-romantique telle qu'on en entendait il y a cinquante ans. Les choses vont beaucoup mieux après l'entracte : le son demandé par Lebrun, très mozartien, est beaucoup plus à leur portée, et la suite pour cordes de Grieg qui conclut le concert, sans chef, montre les cordes bavaroises au meilleur de leur transparence et de leurs couleurs.

Crédit photographique : (c) Astrid Ackermann

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