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Le Quatuor Ludwig a 30 ans

Pour ses 30 ans, le , dans un riche concert-anniversaire, nous a offert la quintessence des plus belles pages de la musique pour quatuor à cordes. Entouré des complices de toujours, tant comédiens -, -, qu'instrumentistes -, -, le temps ne semble pas avoir de prise sur leur enthousiasme et leur générosité.

30 ans. L'âge où la vie s'évalue autant en projets qu'en réalisations. Un bel âge pour les Ludwig, dont la parcours d'exception les propulsa parmi les meilleurs quatuors à cordes des années 1980. Depuis sa création en 1985, le quatuor s'est démarqué par son raffinement sonore, sa puissante cohésion dans le jeu, son répertoire, à la fois vaste et contemporain, mais aussi ses programmes, où la musique interagit avec le théâtre, la danse et parfois même l'astrophysique (Le Quatuor avait donné un concert-conférence avec la collaboration d'Hubert Reeves.) ! Un caractère unique en quatre instruments et seize cordes, qui a valu au quatuor de nombreuses récompenses et distinctions, au disque et dans le cadre de concours internationaux. (Parmi leurs nombreuses distinctions au disque : le Grand Prix du Disque Lyrique le Grand Prix de l'Académie du Disque Français, le Grand Prix International du Disque de l'Académie Charles Cros et le Grand Prix du Midem.)

Dans cette aventure musicale et néanmoins humaine d'une vie de quatuor, le départ de Jean-Philippe Audoli et Elenid Owen en 2014 n'a pas sonné la fin des Ludwig : Thierry Brodard -ancien premier violon du Quatuor Parisii- et Manuel Doutrelant ont repris les postes vacants de premier et deuxième violon. Pour ce concert-anniversaire, le premier violon a été exceptionnellement remplacé par , ancien premier violon du Quatuor Ysaÿe et Elysée.

Au théâtre Adyar, l'événement était placé sous le signe de l'amitié, mais aussi de la transmission et du parrainage. En première partie de concert les jeunes percussionnistes du ont exécuté avec brio des pièces de Johann Sebastian Bach sur des marimbas. Un Bach précis, feutré, un peu exotique, apportant des couleurs oniriques inédites dans les passages lents des Prélude et Fugue n°3 BWV 848, sans toutefois servir ,dans la Sonate en trio, l'intensité d'un jeu de clavier, piano ou orgue, malgré la précision des interprètes. Puis le entame son programme avec l'incisif allegro con brio du Quatuor n°11 « serioso » de Beethoven. Les membres changent, l'âme reste, et l'on retrouve ce timbre unique, léger, et délicat dans les sourds tourments de l'allegretto ma non troppo, jusqu'à la cohésion finale du larghetto espressivo.

Les Ludwig ont su magnifiquement s'entourer au cours de ce généreux concert : entre chaque pièce, et ont lu avec passion et conviction des textes de Claudel et de Proust. Avec la violoncelliste dans le Quintette à 2 violoncelles, l'intensité va crescendo tout au long du 1er mouvement très expressif. Splendide Quintette à 2 altos de Brahms, et la participation de   qui nous offre un adagio vibrant. Cette pièce résonnait parfaitement avec l'extrait tiré de l'oeuvre de Marcel Proust sur la mer : « [La mer] nous enchante ainsi comme la musique, qui ne porte pas comme le langage la trace des choses, qui ne nous dit rien des hommes, mais qui imite les mouvements de notre âme ». Enfin, le Quatuor en fa de Ravel, terrien et incarné, dans le bondissant assez vif et très rythmé, jusqu'à la fulgurance du vif et agité.

Longue vie au nouveau !

Crédit photo : Jean-Baptiste Millot

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