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Ivo Pogorelich, le génie d’un jeune prodige

Le retour très médiatisé de Pogorelich sur la scène donne à DGG l'occasion rêvée de rééditer l'ensemble des enregistrements réalisés entre 1981 et 1995 dont la fascination opère toujours autant sur l'auditeur.

Le récent et très médiatisé retour sur scène d' conduit fort opportunément DG à rééditer l'ensemble des disques enregistrés entre 1981 et 1995 alors que le pianiste croate était sous contrat exclusif avec la firme à l'étiquette jaune. Précisons que les pochettes originales sont reproduites et les minutages initiaux également conservés, ce qui nous vaut un CD Tchaikovsky de 37' ! C'est au lendemain d'un concours Chopin devenu légendaire par la démission de du jury pour protester contre de l'élimination de Pogorelich que le musicien bénéficia de ce contrat. De fait Chopin occupe quatre disques de ce coffret, du récital initial aux ultimes scherzos en passant par les préludes et un magnifique second concerto avec Abbado.

On y retrouve à la fois la virtuosité spectaculaire du pianiste, son goût des excès, de l'éclat fracassant à l'extase quasiment immobile, une palette sonore illimitée, des libertés avec le texte ou les indications du compositeur parfois aussi mais une musicalité toujours éblouissante. Le reste du programme picore dans le grand répertoire, ici un bouquet de quinze sonates de Scarlatti ciselées avec un raffinement digne de Horowitz, là deux suites anglaises d'une élégance parfaite. Si l'on peut trouver l'approche de Haydn et Mozart d'un romantisme un peu appuyé, on salue l'extraordinaire construction d'une sonate de Liszt embrasée ou d'études symphoniques de Schumann exemplaires de fantaisie et d'imagination. L'unique sonate de Beethoven fascine par son lyrisme grandiose mais jamais lourd.

Quant au répertoire russe, il émerveille par son éclat, ses idiosyncrasies, ses ruptures de tempos et le façon dont il réserve des plages de méditation au sein même de l'épopée des Tableaux d'une exposition ou du premier concerto de Tchaikovsky. Pour ce dernier, l'on retrouve à nouveau un Abbado magistral et infiniment attentif aux moindres inflexions de son soliste. Des Brahms méditatifs et une somptueuse lecture de Gaspard, halluciné et poétique, de la nuit achèvent de mettre l'auditeur à genoux. On se prend dès lors à rêver un retour aux studios du prodige.

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