Après leur album consacré au duo romantique allemand, les deux cantatrices polonaises s'attaquent à un répertoire qui leur est plus familier. La réussite en est-elle plus fortement marquée ?
Contemporain de leur récital de duos romantiques allemands, cet enregistrement permet à Urszula Kryger et à Jadwiga Rappé de montrer leurs affinités avec un répertoire qui leur est culturellement plus familier. Pour le public français, les duos avec piano du Polonais Moniuszko et des Russes Dargomyjski et César Cui constituent en tout cas davantage une nouveauté que les plus connus duos moraves de Dvořák, autrefois interprétés en allemand par Elisabeth Schwarzkopf et Irmgard Seefried dans un enregistrement désormais légendaire. On notera donc la cohérence et l'originalité d'un programme permettant de faire entendre des pièces de belle facture, qui montrent toutes à des degrés divers cette passionnante tension entre la tentation d'un style uniformément européen et l'appel de nationalismes – plus peut-être chez Dvořák que chez les trois autres compositeurs représentés ici – de bon aloi.
Plus peut-être que dans l'autre CD, le mezzo relativement clair d'Urszula Kryger contraste efficacement avec le sombre contralto de Jadwiga Rappé, les deux chanteuses sachant parfaitement homogénéiser leur voix quand il le faut. On louera là aussi la qualité de l'accompagnement pianistique, confié ici au Polonais Mariusz Rutkowski.
Belle initiative, donc, qui permet de s'approprier des pièces romantiques peu connues et de découvrir des interprètes talentueux peu connus dans l'hexagone.