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Les Arts Florissants bouclent l’intégrale des madrigaux de Monteverdi

Sous la direction de , arrivent au bout d'une intégrale qui se sera étalée sur quatre saisons et plus de 150 concerts, avec cette seconde partie du huitième et dernier livre publié du vivant de l'auteur, consacrée aux madrigaux amoureux.

Avant que la musique retentisse dans la grande salle de l'ex-Cité de la Musique, introduit le concert en expliquant notamment pourquoi le livre IX, qui est posthume et rassemble des œuvres disparates, a été laissé de côté, ce cycle ayant pour objet de retracer la vie de Monteverdi à travers ses madrigaux. Puis il regagne sa place auprès des autres chanteurs, sur un podium derrière les instrumentistes, et laisse place à une musique qu'il a magistralement préparée et qui se passe fort bien de chef.

Dans ses derniers madrigaux, Monteverdi est arrivé à une perfection d'écriture et à une richesse de couleurs et d'effets vraiment extraordinaires. Les solistes et les musiciens des Arts Florissants les rendent d'une manière admirable.

La richesse de la basse continue (luth, théorbe, harpe, orgue, deux clavecins et violone, auxquels se joint parfois la viole de gambe) permet aux musiciens de proposer une grande variété de timbres et d'effets. Parmi les chanteurs, pas un n'est au-dessus ou en dessous des autres, et tous montrent une grande richesse de timbres et de moyens d'expression. Dans cette musique commandée par le texte, ils privilégient à raison l'expressivité à la justesse, à la beauté du son ou à la complexité des ornements. Ils n'hésitent pas à marquer les effets figuratifs dans l'intonation, la projection ou le changement de tempo, pour exprimer toutes sortes d'idées et de sentiments (comme la douleur dans Non partir, ritrosetta), pour évoquer le charme des amours champêtres (Su su su pastorelli vezzosi) etc. L'intérêt du public est entretenu par un surtitrage bienvenu, mais avant tout par la grande variété des airs, et des distributions allant de deux à huit chanteurs, du clavecin seul au tutti. Les chanteurs y ajoutent aussi des déplacements et déambulations simples mais ingénieux, comme dans le Lamento de la Ninfa, où décrit un long et lent arc de cercle autour de la scène, faisant écho aux paroles et inscrivant dans l'espace son errance en contraste avec l'immobilité du “chœur” masculin.

Le dernier morceau, le Ballo delle Ingrate, est une œuvre de jeunesse contemporaine du Lamento d'Ariana (1608). Il fait l'objet d'une esquisse de mise en scène (chanteurs sans partition, gestes dramatiques, mise en espace et discrets jeux de lumière), mais heureusement rien de poussé comme peuvent s'y risquer certains. L'absence de danseurs rend un peu long le répétitif intermède instrumental central, mais sans ternir l'excellente impression laissée par ce concert.

 Crédits photographiques : © Pascal GELY

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