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Monteverdi, Madrigaux de Crémone par les Arts florissants

Premier volume de leurs trois CD consacrés aux madrigaux de Monteverdi, cet enregistrement est consacré aux Livres I, II et III et aux années crémonaises du grand maître vénitien.

En 2011, avaient initié une intégrale des madrigaux de Monteverdi dans le cadre d'un partenariat avec la Cité de la musique et le Théâtre de Caen (cf. notre chronique du dernier concert de la série). Le présent CD, premier volume d'une série de trois, propose une sélection d'extraits choisis des Livres I, II et III, ceux correspondant aux années crémonaises de Monteverdi. Le volume 2 consacré aux années passées à Mantoue, déjà paru, sera bientôt suivi du dernier, destiné à représenter les années vénitiennes. Le volume 1, brillamment éclairé de passionnants textes sur l'évolution de l'écriture monteverdienne tout au long de la carrière du grand musicien, est sans doute le plus représentatif du passage de la tradition polyphonique de l'ars perfecta – un style de contrepoint d'inspiration essentiellement flamande – vers des formes d'expression privilégiant davantage le poids et l'intelligibilité du texte poétique. À ce titre, il n'est pas anodin que la première plage de ce CD soit consacrée au « Cantai un tempo » du Secondo Libro, motet caractérisé par ses longues lignes mélismatiques et ses savantes imitations. Inversement, le délicieux et presque entièrement homophonique « Baci soavi, e cari », avec ses voix interprétant simultanément le même texte, annonce déjà la prédominance presque monodique du texte sur la musique, principale caractéristique de la seconda prattica de Monterverdi.

L'interprétation est dans l'ensemble de grande classe, même si l'on a connu avec d'autres versions – Harnoncourt, Alessandrini… – des timbres plus moelleux et plus chaleureux que ceux réunis ici. La précision quasi instrumentale des voix, à laquelle on rajoutera le manque d'italianité de la plupart des chanteurs, tend plutôt à tirer ces pièces de musique vers la prima prattica, que devait abandonner Monteverdi en fin de carrière. Gageons que les chanteurs réunis ici sont davantage dans leur élément avec les premiers madrigaux monteverdiens que dans les pièces de la maturité dont l'enregistrement devrait paraître prochainement.

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