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Eszter Salamon : danse macabre à Avignon

Lecture ethnocentrée des guerres coloniales par dans Monument O : hanté par la guerre (1913-2013). La chorégraphe grime ses danseurs en bons sauvages et s'exonère de toute vision critique.

s'inscrit dans la veine expressionniste de l'histoire de la danse, en puisant cette danse macabre dans un vaste répertoire venant d'Afrique, d'Asie ou des Caraïbes. Corps grimés, aux silhouettes modifiées par des académiques peints en trompe-l'œil, ces effrayants squelettes revisitent les danses et les rituels vaudous, convoquent les sorciers africains, défient la pluie ou invoquent les esprits. Un travail qui revêt l'apparence d'une recherche ethnographique, à l'instar de celle menée par le photographe Charles Fréger et ses Wilder Men.

Pour la forme la chorégraphe choisit une succession de solos, puis de duos, trios et quatuors rythmés par le halètement de la respiration des danseurs ou par un sifflet. Très impressionnants, de plus en plus guerriers, éclairés par une lumière d'outre-tombe, les masques et les visages blancs semblent avoir fait un détour par la vallée des Cendres. On est parfois à la limite du Grand-Guignol avec ses faux couteaux et ses squelettes cachés dans le placard.

En raison des nombreux fondus au noir entre chaque scène, le fil narratif est vite distendu. Où sont les guerres évoquées dans le programme quand on ne voit que le folklore revêtu de nouveaux oripeaux ? Il faut attendre la dernière scène du spectacle pour voir fleurir sur scène des panneaux indiquant des dates, celles de conflits ayant impliqué les forces occidentales. La condamnation coloniale est alors évidente, mais contestable sur le plan dramaturgique et historique. De quel côté étaient les sauvages ?

Crédit photographique : © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

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