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Gaëlle Bourges revisite la Dame à la licorne

À la tête de 35 lapins lubriques (et entièrement nus), plus trois danseuses professionnelles, nous régale dans À mon seul désir de ses commentaires façon historienne de l'art sur la Dame à la licorne. Cette relecture savante et drôle de la tapisserie pré-Renaissance a plus d'un tour dans son sac !

À l'avant-scène, un long rideau rouge garance se couvre peu à peu de mille fleurs, accueillant jeune fille vierge et animaux symboliques. Une voix off inspirée commente – façon conférencière un peu décalée – les facettes de la célébrissime tapisserie découverte par Prosper Mérimée et désormais accrochée dans une salle climatisée au Musée de Cluny, à Paris.

À mon seul désir, la sixième et énigmatique tapisserie de cette tenture, donne son titre au spectacle. Entre virginité et bestiaire fantastique, c'est un irrévérencieux cours d'histoire de l'art. La dame – – a de la bouteille : étudiante en lettres modernes puis en arts du spectacle, elle travaille dans un « théâtre érotique » avant de tourner chorégraphe. Bien tourner, dirait-on, tant la pertinence de sa proposition fait mouche. La gestuelle des quatre donzelles est étudiée – entre Trois grâces et Après-midi d'un faune, explorant tantôt la latéralité tantôt la profondeur d'un plateau qui se découvre soudain. Comme une frise antique se déploient alors près de 35 corps aux oreilles de lapin, se tenant par la main dans une danse celtique (cornemuse d' oblige) avançant progressivement vers l'avant de la scène. Pourquoi autant de lapins ? Allez au Musée de Cluny et comptez-les…

Crédits photographiques : © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

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