- ResMusica - https://www.resmusica.com -

La dynamique du 31e Festival de Saint-Riquier Baie de Somme

Le festival de Saint-Riquier confirme un dynamisme et une convivialité rarement atteints, sous la direction artistique d'.

L'introduction des « heures sonnées », tous les jours et toutes les heures de 10 h à 15 h et après le concert du soir, fait revivre l'activité musicale de l'abbatiale d'autrefois, car souhaite que ce lieu soit avant tout un espace de vie spirituelle. Ainsi, à chaque heure, pendant une dizaine de minutes, François Saint-Yves improvise de façon moderne au grand orgue pour répondre à la psalmodie ancienne des chantres de Notre-Dame.

Tous les jours à 17 h, on assiste aux « contes japonais » créés de toutes pièces par le conteur , accompagné de deux musiciens japonais, de la cithare koto de Sachiko Yoshihara et de la flûte shakuhachi de Rei Jin. Les trois histoires racontées sont des variantes de contes que l'on pourrait trouver partout dans le monde : une histoire de Mélusine, une autre d'un ermite qui empêche de tomber toute la pluie du monde, et la dernière d'un jeune homme dont l'aventure extraordinaire s'avère conforme au rêve qu'il a fait. parsème ses récits des mots et phrases en patois poitevin et y fait entrer des personnages réels du Festival, à commencer par , le tout dans une magie enchanteresse dont le pouvoir est augmenté par les deux instruments traditionnels.

À 18 h à la Grange, ce sont des concerts de jazz avec des groupes et des musiciens qu'Hervé Niquet, qui jouait du piano « il y a 40 ans » dans des clubs de jazz, avait lui-même repérés : RP Quartet (jazz « swing manouche »), Swing Dealers (swing des années 50 et 60 et des « deals » jazzy avec des mélodies d'autres domaines musicaux) et le pianiste Eric Legnini. N'oublions pas la fanfare du Meyboom, venue de Bruxelles, qui égaie le marché de produits locaux (et bio) installé spécialement le dimanche à l'occasion.

Les grands concerts du soir

Les grands moments du festival, les concerts du soir, rivalisent de qualité en toute splendeur. Les funérailles royales de la reine Marie-Thérèse (données au festival de Saint-Denis le 8 juin dernier sous la forme de concert-théâtre avec mise en scène) dirigées par Leonardo García-Alarcón, le 10 juillet, témoigne de l'excellence des productions du festival. L'entrée en procession des chanteurs de l' avec chant grégorien, suivi d'un tambour solo, crée d'emblée une profonde émotion, avant que la soirée ne progresse en alternant la Missa pro defunctis du compositeur picard (plain-chant), les Dies irae et De profundis de , et la « Pompe funèbre » de l'opéra Alceste du même compositeur. L'interprétation est dominée par une clarté exemplaire, l'orchestre et le chœur étant en parfaite symbiose, dans la très belle réverbération de l'Abbatiale.

La même qualité se retrouve pour Un Requiem allemand le lendemain. Les membres du chœur sont placés non pas par pupitre mais par groupes de quatuor, engendrant une harmonie extrêmement équilibrée grâce à une écoute mutuelle aiguisée de la part des chanteurs. Les deux solistes y ajoutent une « plus-value » par leur timbre et le naturel de leur voix.

Le concert final, le 12 juillet, est confié au Jeune Orchestre de l'Abbaye des Dames, rassemblant des musiciens de plus de 20 nationalités. La complicité de la basse Patrick Bolleires confère aux œuvres d'Onslow une vraie théâtralité. La direction de regorge d'idées originales, il est toutefois dommage que certaines phrases restent indigestes, avec une fin floue, et les vents sonnent parfois assez bas par rapport aux cordes.

Le festival se termine avec un spectacle sons et lumières sur la façade de l'abbatiale, sur une touche de fantaisie quelque peu mystérieuse.

Crédits Photographiques : Hervé Niquet dirigeant Un Requiem allemand ; « Funérailles royales au temps de Louis XIV » © DR

(Visited 404 times, 1 visits today)