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À Tannay, une causerie-récital qui se cherche

Avec la reprise de ce spectacle créé au Festival d'Avignon en 2013, la pianiste rend hommage au compositeur .

Un rideau de tulle servira d'écran où seront projetées des images et quelques scènes animées de la vie de . Derrière ce léger rideau, la pianiste illustre par des valses, nocturnes et autres mazurkas quelques lettres du compositeur lues par le comédien et émises par deux gros haut-parleurs.

D'emblée, on est frappé par le jeu pianistique assez uniforme de . Manquant de contrastes, pourtant « marque de fabrique » de la musique de Chopin, la pianiste française semble étrangère à son récital. Certes, les sublimes pianissimos de Chopin sont au rendez-vous mais, chez Laure Favre-Kahn, ils arrivent avec brusquerie, sans ce je-ne-sais-quoi d'imprévu qui fait tout le merveilleux de cette musique. Téléphonée, comme la passe d'un ballon qu'un joueur adverse n'a aucune peine à intercepter, l'interprétation de Laure Favre-Kahn n'offre aucune surprise. Toutes les notes y sont, la technique pianistique est excellente (ce ne sont pas les quelques erreurs sur plus d'une heure de musique qui peuvent lui être reprochées), mais la pianiste manque de la sensibilité, voire de la sensiblerie qu'on aime tant entendre chez le compositeur polonais. Au lieu de cela, Laure Favre-Kahn a une fâcheuse tendance à marteler son clavier, durcissant le son plutôt que d'en révéler la force et la puissance.

Reste à reconnaître que, dans le contexte de ce spectacle, cette musique est parfois comme oubliée, puisqu'elle s'exprime souvent sur la lecture du comédien , plutôt que d'illustrer le propos séparément. Qui accompagne qui ? Le piano l'acteur ou le contraire ? Parce que, si les textes tirés de la correspondance de Chopin sont bien choisis, la lecture qu'en donne mériterait d'être parfois plus théâtrale. Elle pourrait alors être plus inspirante pour la pianiste.

En définitive, cette causerie-récital, pour intéressante qu'elle soit, n'est pas très aboutie par manque d'inspiration et de réelle implication artistique.

Crédit photographique: © Caroline Doutre

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