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Vadim Repin à Aix-en-Provence

Nouvelle soirée événement au Grand Théâtre de Provence avec la venue de accompagné du pianiste .

Si ce concert, aussi dense qu'éclectique, a réservé de beaux moments de musique et nous a permis d'entendre un violoniste hors norme, il a parfois manqué ce petit plus dans l'émotion pour nous transporter pleinement, ainsi qu'un partenaire qui puisse se hisser au niveau de son compatriote.

La Sonate n° 1 pour violon et piano de Schnittke constitue un début de programme sévère en matière de sonorité pour le violon. On reconnaît l'influence de Chostakovitch dans cette œuvre au mysticisme teinté de noirceur et d'ironie. L'unité d'ensemble n'est pas ici véritablement perceptible. Les deux artistes semblent parfois jouer deux partitions juxtaposées.

Écrite à l'origine pour flûte et piano, la Sonate n° 2 de Prokofiev met parfaitement en lumière l'aisance de Repin dans ce répertoire même si, par moments, on aurait attendu de sa part plus de corps dans l'expression du thème initial (« Moderato« ) ou les inflexions de l' »Andante« . De son côté, Korobeinikov déroule un jeu massif dénué de douceur digitale. Les deux mouvements virtuoses trouvent néanmoins une variété homogène.
Après la pause, les accents populaires du Prokofiev se prolongent avec Bartók et sa Rhapsodie n° 1. Repin use de sa virtuosité pour souligner les thèmes empruntés au folklore local, dont la czardas tzigane, connue pour son caractère festif.

Puis, Korobenikov revient seul sur scène pour interpréter Brahms. Son jeu devient intériorisé et nuancé le temps du premier Capriccio. Malheureusement, ses choix de tempi, ses phrasés étirés ou déstructurés déçoivent. Ils perturbent la conduite du propos au point de brouiller les différents plans sonores, essentiels chez Brahms (Capriccio n° 5). Dans l'Intermezzo n° 1, l'expression en devient soudain pesante. Nous sommes entrainés dans les catacombes avant la fin de la première page.

Le retour de dans la Sonate n° 3 de Brahms permet de retrouver une douceur expressive. Son riche vibrato s'illustre à merveille dans un magnifique « Adagio » tout en finesse de part et d'autre. Le finale, généreux dans l'engagement physique, est également une réussite et fera oublier la retenue et les imprécisions de justesse du violoniste (« Allegro »).

Deux bis enthousiasmants sont offerts au public. Tout d'abord, une Sérénade mexicaine menée avec une décontraction rafraichissante. Puis, les Danses populaires roumaines de Bartók, tel un voyage musical en Europe de l'Est qui résonne avec authenticité.

Crédit photographique :  © Gela Megrelidze

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