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Dimitris Papaioannou, chorégraphe du côté de l’arte povera

Très connu dans son pays, le chorégraphe grec est invité pour la première fois au Théâtre de la Ville avec une pièce visuelle et universelle.

Des parpaings écrasés sur une scène, cela ne vous dit rien ? Du mur de Pina Bausch dans Palermo Palermo aux mauerfrauen mises en scène par Anselm Kiefer, nombreux sont les artistes qui ont expérimenté ce matériau friable, poussiéreux, qui s'écrase dans un son mat. s'est formé dans l'atelier d'un peintre. Il s'en souvient en concevant cette pièce post-apocalyptique très visuelle. Pionnier de la danse contemporaine dans son pays, il y est très connu pour avoir chorégraphié les cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux Olympiques de 2004 à Athènes.

Loin de notre Découflé national, le chorégraphe grec fait confiance aux matériaux naturels, largement utilisés par les artistes italiens du mouvement arte povera. Un panneau de mousse recouvert de plâtre, un amas de pierres ou une simple plaque de plexiglas créent des effets spectaculaires et poétiques. Gags à la Buster Keaton, humour absurde façon Joseph Nadj (un autre gars de l'Est), avec des idées simples, Dimitris reconstruit le mythe de Sisyphe – hommage discret à Albert Camus.

Pas de musique, une lumière blanche et rare, le chorégraphe s'appuie sur les seuls sons produits par la matière, sonorisés et amplifiés. Le rythme est lent, contemplatif, garantie de poésie. Plutôt construit autour d'hommes en noir, le spectacle s'achève dans le partage d'un repas, autour d'une table porté à têtes d'hommes, évocation des processions votives méditerranéennes. Très ancré dans sa terre natale, le spectacle y prend alors une portée universelle.

Crédit photographique © Julian Mommert, Nikos Dragonnas, Maria Petinarak

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