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Folle journée au concert avec les Bidochon 

Le 30 mai 2015, les Bidochon de Christian Binet ont fait le déplacement à Chambéry pour le concert des 30 ans de l' ! Ce grand bruit dans le landerneau classique est relayé aujourd'hui par la parution, chez Fluide Glacial, d'un savoureux mais aussi touchant livre-CD intitulé « Un jour au concert avec les Bidochon ».

À Chambéry, avait également fait le voyage avec ses diaboliques créatures, et avait même vu le nom du compositeur (qu'il est également) tutoyer ceux de Mozart, Bach ou Britten. Aujourd'hui ce sont Robert et Raymonde, avides de se colleter, après deux passages remarqués au musée, à la musique dite grande, qui viennent jouer des coudes avec Christophe Rousset et Jonas Kaufmann dans les colonnes de la presse musicale : attention les oreilles !

Le bel ouvrage, naviguant entre humour et musicologie, règle gentiment son compte aussi bien aux empêcheurs d'écouter en rond que peuvent être des néophytes tels que nos deux héros dans le Saint des saints (« un type qui reste planté debout devant l'orchestre » s'impatiente Robert à propos du chef, « elle est pressée la reine! » constate Raymonde à l'arrivée de la Reine de Saba de Haendel) qu'aux force « chuuuuut ! » des tenants amidonnés d'un rituel immuable.

Passé le prologue d'une amusante installation de nos deux loups dans la bergerie, chacun des 28 numéros musicaux du copieux CD gravé à craquer, joint à l'album, est éclairé par un portrait du compositeur concerné, suivi, sur fond de partition, d'un commentaire bidochonesque, tancé au recto par le sérieux musicologique de François Sabatier, dont les deux pages pédagogiques mettent l'œuvre en perspective par la transversale d'un tableau, d'une sculpture, d'une photo (on se permettra tout de même de chipoter son appréciation sur Honegger, lequel, selon lui, n'aurait pas réalisé le vœu de Cocteau, d'« une musique forte, saine, affranchie, une vraie musique de France. »)

La lecture de l'album est calée sur l'audition du CD où l' déroule, sous la direction de , une apaisante onctuosité sonore. La majeure partie des pièces fait briller la transparence paisible mais aussi (l'opus 110a de Chostakovitch ébouriffant) la brillante osmose de ses cordes.

L'entreprise ferait naître la nostalgie de la Guilde du disque d'antan et de ses pots pourris pour une initiation en douceur, n'était qu'ici, d'immanquables tubes de noms multi-célébrés côtoient des raretés : ainsi Florentine Mulsant et aussi… soi-même, avec la délicatesse de son très émouvant Prélude en si bémol mineur, tout à fait à sa place entre Rameau et Sibelius : on ne rit plus !

Épilogue avec Raymonde qui avoue avoir « adoré » et même avoir « décollé » : bien sûr, l'essentiel est là.

 

 

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