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Quand les mains murmurent, documentaire fort

Quand les mains murmurent est un documentaire fort retraçant le lien délicat entre le musicien et ses mains, en l’occurrence ici celles du chef d’orchestre.

Donc les mains de celui qui dirige toutes les mains et les voix sans dire mot et sans jouer et pourtant… Tout est là dans cette petite heure, fruit de mois de travail. Le cinéaste suit les échanges, les doutes, les rires de cette classe exceptionnelle, au sens propre et figuré du terme. Dix élèves du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, de première (7) et de seconde année (3), sont suivis par leur professeur et la caméra, tandis que se distille et se transmet l’indicible, si si c’est dit, l’ineffable, ça, ça passe entre les lignes mais cela reste ineffable !

Solfier n’est pas jouer

Écrire avec ses mains, diriger, c’est d’abord déchiffrer crayon en main une partition, mettre des mots, des points, bref trouver son chemin, pour pointer ce qu’il faut déchiffrer vraiment, du fond des mains, du fond du cœur, du fond du cerveau, quelque chose qui va devoir passer absolument entre le chef et ses musiciens, entre les concertistes et leur public, donc aussi entre le chef et son public. Tout est là.

Piam, pam !

Des mains qui scandent, c’est bien, mais il faut y mettre toute son âme, tout son savoir, son énergie, sa vie professionnelle. Ici sa future vie professionnelle pour les élèves qui poursuivront le chemin. L’enjeu implicite de ce documentaire et de ce parcours est aussi celui malheureusement ou heureusement de l’élection (mot que nous préfèrerons au trop connoté « sélection »). Car tous ne poursuivront pas, tous ne seront pas chef, il faut qu’ils aient ce tempo-là dans la peau. Il faut aussi que le concert qu’ils prennent en main pour être choisis ou non soit décisif. Ils continueront s’ils passent ce cap-là. C’est dur, c’est intense et c’est la vie aussi.

Kiffer un peu …

« Maintenant, on va kiffer un peu ! » dit l’un des élèves, pendant l’entracte. C’est le moment du concert-clé, de la symphonie qui les met en transe et en mouvement des mains, des yeux, des mots murmurés. Chacun a sa gestuelle, son être, sa manière d’avoir enregistré les conseils de leur très bon prof. Et oui, ils vont pouvoir enfin « kiffer un peu » en un second temps car le stress, ou l’angoisse – pour certains plus timides comme Charlotte, la seule jeune femme – du premier échange de regard avec la salle, du contact pris avec leurs musiciens, qui, oui sont les « leurs » au moment où ils dirigent, car c’est cela diriger, avoir la main, un temps, deux temps, plusieurs.

Habiter le silence

Il va falloir « habiter le silence », la mécanique ne suffira pas, il faudra tout vivre, même dans les interstices, jusqu’au fond des silences. Leur professeur leur dit qu’il y a « un geste pour toi, un geste pour eux », les musiciens, mais aussi oserait-on le public, qui est là et qui écoute, « kiffe », espère-t-on.

Sur la « photo de classe » du bonus, tout y est, le professeur avance, montrant l’exemple, et chacun de s’avancer à son tour, à sa manière. Onze beaux musiciens dans un même cadre, des chefs ? Superbe. A méditer les yeux fermés et ouverts, sans oublier les bonus.

 

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