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Adolf Busch : à quand une intégrale au son convenable

Nous nous réjouissions de pouvoir enfin disposer d'une intégrale au son correct qui aurait honoré la merveilleuse musicalité du violoniste allemand (1891-1952), l'un des plus purs chambristes, l'un des artistes les plus honnêtes et attachants du 20e siècle, ce qui était d'ailleurs une nécessité absolue de la part de Warner Classics… Eh bien, c'est raté !

D'abord nous avons été plutôt agacés par l'intitulé « The complete Warner Recordings » : ce n'est pas parce que les gens de la Warner ont acquis EMI, qu'ils doivent s'approprier la paternité d'enregistrements qu'ils n'ont pas accomplis eux-mêmes. Voilà pourquoi nous préférons préciser « Intégrale des enregistrements EMI ».

Mais cela n'est rien à côté de ce qui suit : les transferts digitaux des Concertos Brandebourgeois et des Suites (Ouvertures) pour orchestre de Bach, respectivement de 2008 et 1991 (!), devaient en principe être identiques à ceux de même date de la précédente édition dans la belle série « Great Recordings of the Century » d'EMI : ils étaient en tout cas de qualité honorable ; aussi notre premier geste a été de mettre en lecture le CD 16 contenant la merveilleuse Suite pour orchestre n°4 en ré majeur BWV 1069, peut-être la moins célèbre des quatre, mais très probablement la plus subtile – cela en vue de comparaison et d'un espoir d'une éventuelle amélioration. Le résultat est un massacre : les aigus ont été boostés, avec des stridences çà et là en conséquence ; le son est devenu inécoutable, fragilisé et gangrené par une sorte de crépitement constant, bien audible dans l'Ouverture, et ce défaut, pourtant absent de l'édition EMI, apparaît par ailleurs sporadiquement dans la version Warner des Concertos Brandebourgeois et des autres Suites de Bach…

Cela suffit à dépareiller l'ensemble de l'intégrale : la confiance dans la réalisation technique n'y est plus, quelles qu'en soient les qualités… Et précisément, dans ce genre de réalisation, y a-t-il encore des contrôles de qualité par des techniciens qui ont un minimum d'oreille ? Car enfin, ces contrôles sont la moindre des choses et une marque de respect vis-à-vis d'un label aussi illustre et légendaire qu'EMI, de la part d'une société qui l'a repris. Il existe par ailleurs un site internet anglais où ces œuvres de Bach par sont disponibles gratuitement, directement à partir des 78 tours commerciaux avec un son nettement supérieur, ce qui est un comble !

Pour les personnes intéressées, signalons que sur le site Warner Classics, il est possible d'écouter un échantillon du CD 3 piste 13 du coffret EMI 5099921269929, et de le comparer à son analogue CD 16 piste 13 de l'album intégral Warner 0825646019311. Le résultat est édifiant, et prouve que ce n'est en rien un défaut ponctuel de l'exemplaire reçu pour chronique, mais qu'il affecte malheureusement toute la production. Pourquoi donc dans ce cas ne pas avoir repris telle quelle l'édition « Great Recordings of the Century » d'EMI ?

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