Daniel Linehan, jeune chorégraphe américain en résidence à l'Opéra de Lille, poursuit son exploration chorégraphique du langage avec une pièce au titre imprononçable : DBDDBB.
Comme d'autres chorégraphes en France l'ont fait avant lui, à l'instar de Georges Appaix ou Castafiore, Daniel Linehan poursuit sa découverte des effets du langage sur le corps et le mouvement. En utilisant des onomatopées ou des constructions phonétiques décorrelées de tout sens intelligible, il invente une nouvelle langue Volapük que s'approprient ses interprètes avec brio.
A capella, les danseurs jonglent avec ces sons étranges qu'ils superposent de manière polyphonique et polyrythmique. C'est virtuose, car tout en chantant, ils dansent ! À aucun moment le mouvement ne s'arrête ni ne fait de pause. Ils s'élancent, rebondissant d'une sonorité à l'autre, jouant avec les syllabes comme l'on joue au ballon.
Si fascinant qu'il soit, ce dispositif qui ne fait pas assez appel à l'intellect, tourne rapidement à vide. Le ruban musical se déploie, puis reflue, sans qu'aucune image, aucun sens ne permette de l'interpréter ou de s'y projeter. On écoute et on regarde de l'extérieur cette partition corporelle, sans doute un peu trop conceptuelle pour être émouvante.
Crédit photographique © Frédéric Iovino