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Carlson cultive l’art du solo à Chaillot

Le plus ancien et le plus récent des soli de réunis dans un même programme au Théâtre de Chaillot, où la chorégraphe américaine est artiste associée.

C'était il y a 43 ans. Density 21.5 allait lancer la carrière de la jeune chorégraphe américaine, invitée par Rolf Liebermann à danser sur la scène de l'Opéra de Paris. Ce dialogue bref et intense avec la partition pour flûte d'Edgar Varese marquerait durablement les esprits. En prologue de son nouveau solo pour elle-même, a donc souhaité recréer ce solo mythique, en le confiant à l'une de ses interprètes, Isida Micani. Malheureusement, celle-ci n'en épouse pas le style saccadé et sec, les infimes vibrations du corps et le rythme qui faisaient de ce solo une parenthèse enchantée.

, à 72 ans, danse encore. C'est un corps fascinant et osseux, un corps longiligne sur lequel est posé une tête au profil d'oiseau ou de tanagra. Ce corps est un pinceau avec lequel on peut peindre les émotions et les sentiments humains. Dans ce Dialogue with Rothko qu'elle poursuit pendant une heure et dix minutes, elle va passer par toutes les nuances de l'âme. De la toile vierge symbolisée par une robe de lin, la chorégraphe fait une surface blanche sur laquelle peuvent se répandre les lettres et les couleurs. À travers des textes poétiques, mais souvent abscons, Carolyn Carlson dit sa fascination pour le peintre, pour l'acte artistique en lui-même. Messagère des mauvaises nouvelles, bras noueux et tordus, on voit parfois dans son visage celui de la mort.

Malgré la longueur du solo, un peu vain, Carolyn Carlson fascine encore et toujours, tragédienne absolue au royaume des images, grande prêtresse semblant prête au sacrifice. Elle est accompagnée au violoncelle par , qui joue l'apaisement de cette âme tourmentée, ramenant le calme au milieu de la tempête.

Crédit photographique : Carolyn Carlson © Laurent Pailler

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