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Witold Lutosławski transcendé par Urbański et l’Orchestre de Hambourg

s'est retrouvé isolé par la dictature communiste polonaise. Il a su élaborer une œuvre singulière de premier plan au sein de laquelle il s'efforce de concilier avant-garde et nostalgie.

Lors des terribles événements de la révolution bolchevique le père et l'oncle du compositeur polonais sont exécutés. Une douzaine d'années plus tard le jeune fait son entrée au Conservatoire de Varsovie. Mobilisé en 1939, il a déjà composé ses Variations symphoniques que la radio nationale a diffusées. En 1940 il s'échappe d'Allemagne et rentre au pays où il joue du piano en duo avec . Débarrassé des nazis, le pays subit le joug de l'invasion soviétique. Sa Première Symphonie reçoit les critiques du régime en 1949. Elle est interdite. Puis contrastant avec les admonestations officielles il enregistre un franc succès avec son prodigieux Concerto pour orchestre en 1954. Sa renommée traverse les frontières closes de la Pologne autour de 1958 avec sa Musique funèbre et Jeux vénitiens. Les marques initiales de Szymanowski et de la musique française font place aux influences conjuguées de Stravinski, Prokofiev, Bartók et Roussel. À cela s'ajoutent de nombreuses sections venant des musiques populaires. Tenté ponctuellement par la musique sérielle revisitée, il s'essaie à l'écriture aléatoire à partir de 1960.

Sous l'autorité méticuleuse de l'Orchestre symphonique de la NDR (Hambourg) magnifie trois de ses plus importantes musiques. Le Concerto pour orchestre déjà évoqué, envers lequel Lutosławski nourrissait des sentiments partagés (« Je n'ai pas pu ne pas le faire figurer parmi les plus importantes de mon œuvre »), partage l'univers musical de Bartók, avec ses notes martelées aux timbales, sa parure étincelante et son pouvoir captivant. La Petite Suite pour orchestre en quatre mouvements (1950) s'appuie sur des thèmes folkloriques. Le premier, Piccolo, rappelle le Sacre du printemps, le second, Hurra Polka, haletant, brille par son exubérance communicative tandis que Danse évoque brièvement un climat quasi sibélien. La Quatrième Symphonie mêle notes répétées, harmonies presque tonales, solo de clarinette, fanfares de cuivres, effusions lyriques aux cordes, passages rythmiques intenses, le tout signant une musique inoubliable et un rapprochement fécond de diverses sources. Un enregistrement incontournable, pour une initiation par exemple.

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