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Bertrand Chamayou signe une intégrale Ravel équilibrée

Une intégrale de l'œuvre pour piano seul de Ravel de bonne facture mais parfois un peu sage.

Pour l'avoir entendu, toute une soirée durant, donner en concert cette intégrale de la musique pour piano seul de Ravel, on était impatient de pouvoir écouter ces deux disques et donc chaque pièce ou ensemble de pièces séparément.

pratique Ravel depuis sa toute jeunesse, comme il s'en explique dans l'excellent entretien du livret d'accompagnement du disque. Il a été élevé dans une sorte de généalogie Ravel, puisqu'il a travaillé avec , lui-même élève de qui, lui, avait reçu des conseils directement de Ravel. Il a, par ailleurs, il y a quelques années, donné une autre intégrale-marathon, celle des Années de Pèlerinage de Liszt et il est bien conscient des filiations entre le pianisme de Liszt et celui de Ravel.

On retrouve ici les qualités de jeu admirées lors du concert : extrême précision, quasi pointilliste, travail très fouillé du détail, lisibilité parfaite des lignes, maîtrise technique sans faille. Le pianiste excelle en particulier à rendre la liquidité de certains traits, par exemple dans Jeux d'eau ou dans « Ondine » (Gaspard de la Nuit) ou à créer des couleurs immatérielles, par exemple dans « Noctuelles » (Miroirs). Et il rend particulièrement bien le climat des pièces empreintes d'une forme de néo-classicisme à la Chabrier, les menuets et autres « à la manière de », le Tombeau de Couperin, la Sonatine.

Mais parfois ce jeu extrêmement sobre et construit laisse l'auditeur en retrait. « Le Gibet » et « Scarbo » (Gaspard de la nuit) par exemple ne suscitent pas l'effroi. Le pianiste semble moins dans son élément avec les pièces où règne un climat un peu halluciné qui convenait si bien à un .

Il signe néanmoins une intégrale de bonne facture et de grande tenue, à laquelle il manque juste ce petit grain de folie.

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