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Commémoration audio du centenaire de la mort de Beethoven

Après avoir transféré chez Naxos le fabuleux cycle Beethoven des années 30 réalisé pour la Columbia anglaise par , nous offre chez Pristine Audio, dans des conditions techniques exceptionnelles, ce que l'on peut considérer comme le tout premier cycle des symphonies beethoveniennes accompli en 1926-1927 en gravure électrique par le même label britannique, à l'occasion du centenaire de la disparition de l'illustre compositeur.

Le centième anniversaire de la mort de Beethoven a coïncidé avec l'amélioration spectaculaire de l'enregistrement sonore, provoquée par le processus électrique (microphone). À une époque où l'entreprise relevait vraiment du défi, une édition à grande échelle des œuvres de Beethoven fut lancée par la Columbia anglaise, y compris un ensemble complet des symphonies. Simultanément, le label allemand Grammophon-Polydor initia sa propre série des symphonies de Beethoven, dirigées par , , et . Toutefois cette série Polydor (rééditée chez Naxos) ne fut pas terminée à temps pour le centenaire et, en fait, ne s'acheva qu'en 1933.

L'intégrale Columbia sous rubrique est également confiée à plusieurs chefs : il est étonnant que (1863-1942), sommité beethovenienne s'il en est, ne se soit cantonné qu'aux seules symphonies n° 5 à 9 ; sans doute à ce moment désirait-il uniquement consacrer son énergie aux seules symphonies de maturité. Quoi qu'il en soit, cela nous permet de goûter l'art de divers chefs pour les quatre premières symphonies, respectivement Sir , Sir , Sir et Sir .

Sir (1850-1934) est essentiellement connu comme tout premier directeur musical de l'Orchestre symphonique de Boston, et sa Symphonie n° 1 en ut op. 21 de Beethoven est son seul enregistrement comme chef d'orchestre. Contrairement à ses confrères, il respecte toutes les reprises de l'œuvre – hormis celle du mouvement lent – dans une interprétation particulièrement soignée et réussie (février 1927). On ne présente plus Sir (1879-1961), remarquable interprète de Haydn, Mozart, et dont l'encore relativement classique Symphonie n° 2 en ré op. 36 de Beethoven était une sorte de spécialité, cette gravure de novembre 1926 étant sa première de trois, incroyablement enlevée en des tempi ahurissants, totalisant moins de 28 min.

Sir (1869-1944) nous offre en décembre 1926 une « Eroica » qui a fait date, étonnamment moderne pour l'époque, pleine d'enthousiasme, de légèreté, de fraîcheur – ce que met en évidence une prise de son transparente – et avec pratiquement aucun portamento des cordes. En comparaison, le style de Sir (1879-1941) et son Hallé Orchestra est plus daté dans sa Symphonie n° 4 en si bémol majeur op. 60 gravée en novembre 1926, par l'utilisation un peu plus systématique des portamenti aux cordes, sans toutefois exclure énergie, virtuosité et grande précision.

Toutefois l'intérêt primordial de cette série consiste en la première mouture des gravures beethovéniennes de (1863-1942) avec l'ancien Royal Philharmonic Orchestra, c'est-à-dire non pas celui familier fondé en 1946 par Sir , mais bien celui associé à la Royal Philharmonic Society, dont les origines remontent à 1813, du vivant de Beethoven, et dont l'orchestre a existé jusqu'en 1930 environ. Tout au long de ces symphonies n° 5 à 9, la merveilleuse direction de Weingartner convainc par son admirable pureté classique, son élégance, sa dignité et sa sincérité, et on comprend pourquoi Karajan le prenait pour modèle idéal.

Le problème de ces vénérables cires Columbia de cette époque est qu'elles sont, d'origine, absolument inconsistantes au niveau diapason, mais l'ingénieur du son – musicien , avec sa compétence, son savoir-faire habituels, a su parfaitement les restaurer et verrouiller leur diapason au point que cela tient du miracle !… Il en résulte un confort d'écoute insoupçonné jusqu'à ce jour. Non content de cela, pour faire bonne mesure, trois ouvertures gravées à la même époque complètent généreusement l'ensemble : Leonore n° 3 op. 72b par Sir (février 1927) ; Coriolan op. 62 et Egmont op. 84 par et son légendaire Concertgebouw Orchestra d'Amsterdam (mai 1926).

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