- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Jan Lisiecki à la Fondation Louis Vuitton, admirable

La salle lumineuse de la Fondation Louis Vuitton, à l'acoustique très claire et directe, avec sa perspective sur l'escalier d'eau du jardin, formait un cadre édénique pour le récital de l'étoile montante du piano, . Lequel n'a pas déçu nos attentes dans un programme à dominante romantique.

est entré avec conviction dans une Partita de Bach. Il nous fait entendre la construction complexe, mais aussi la variété des expressions de ces pièces, la succession des danses de ces partitas justifiant leur surnom de « Suites allemandes ». Les contrepoints sont mis en relief avec intelligence, la mélodie (par exemple dans le Rondeau) se déroule avec grâce et lyrisme, le Cappricio est vivant. Le pianiste met son jeu détaché et limpide, mais aussi chaleureux, au service de cette musique. Bach semble tout aussi bien convenir à ce pianiste que le répertoire romantique : nous serions heureux de l'y entendre d'avantage.

Le concert se poursuit évidemment avec Chopin, que le pianiste a déjà enregistré. L'Andante spianato, dont on apprécie la belle ligne mélodique simple, la pédale parcimonieuse, la légèreté des traits, et la Grande Polonaise, de laquelle ressort une sorte de volontarisme énergique, assez efficace. Plus rarement donné en concert, le Rondo alla Krakowiak supporte assez bien la suppression de l'accompagnement orchestral prévu dans la partition originale, mais y perd tout de même un peu de liant. Commençant avec une mélodie un peu enigmanique à l'unisson des deux mains, puis avec le thème syncopé de danse polonaise, la Krakowiak, le morceau évolue en fantaisie virtuose et particulièrement impressionnante.

Les deux Nocturnes, hasard heureux du programme, accompagnent les dernières lueurs du jour. Ils sont d'abord abordés avec un jeu simple, mais sans froideur, qui progresse dans les crescendos avec une fureur, peut-être parfois un brin excessive. Ce jeu chaleureux, qui affirme ses forte majestueux, nous séduit tout à fait dans le Prélude n°2 op. 3 de Rachmaninov.

Le pianiste semble plus fatigué dans les Impromptus de Schubert, qu'il conduit pourtant jusqu'au bout avec sa variété de jeu et de toucher habituelle. dit au revoir à un public (auquel il s'adresse en français) tout conquis, par une Rêverie de Schumann appropriée.

Crédits photographiques : © Mathias Bothor

(Visited 887 times, 1 visits today)