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Pétrouchka de Stravinsky, bijou orchestral avec le symphonique de Bâle

Après la sortie de l'Oiseau de feu il y a quelques semaines, voici le tour de Pétrouchka dans la version originale de 1911.

On retrouve les mêmes interprètes, à savoir l'Orchestre symphonique de Bâle et le chef américain Dennis Russell Davis au pupitre puis au piano en compagnie de pour la version à quatre mains. On peut avancer d'emblée que Petrouchka, scènes burlesques en quatre tableaux, créé à Paris en juin 1911 sous la direction de Pierre Monteux pour les Ballets russes au Châtelet dans une chorégraphie de Fokine, appartient au meilleur du catalogue du maître russe. Le court thème principal qui reviendra tout au long de la partition, précis et aisément mémorisable, lancinant presque, provoquant un impact puissant sur l'auditeur, signe ce chef-d'œuvre. Initialement, Stravinsky avait envisagé d'écrire un concerto pour piano et orchestre, mais l'idée d'un piano « pantin subitement déchaîné, qui par ses cascades d'arpèges diaboliques exaspère la patience de l'orchestre, lequel à son tour répond par des fanfares menaçantes », convainquit Diaghilev que cet argument revenait presque naturellement à un ballet. Le thème hoquetant évoqué, basé sur une rengaine occidentale bien connue, correspond au pantin désarticulé opposé aux rêveries mélancoliques et dissonantes. Le déroulement musical fourmille d'énergie et de pauses, d'enthousiasme et de tristesse, de multiples trouvailles et originalités au niveau des thèmes variés, des rythmes (cadences irrégulières, martèlements, attaques mordantes, polyrythmie…) et des timbres inouïs. Pétroucka est un authentique festival sonore aux couleurs exquises, au flamboiement orchestral attachant autant qu'impressionnant.

L'orchestre suisse apparaît au sommet de ses capacités et nous fournit là une version inoubliable tant il répond idéalement aux exigences du compositeur russe. Ce haut degré de réalisation doit beaucoup, évidemment, à Russell Davis. Le résultat est magique ! La version pour piano à 4 mains, sans démériter, a bien du mal à restituer la féerie de toutes ces inventions confiées à l'orchestre, et ce malgré une brillante exécution.

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