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Jean-Luc Ho et sa vision des Partitas pour clavier de Bach

Malgré une discographie déjà importante de ces œuvres, la version originale de s'offre à nous comme un bouquet harmonieux tant par le choix de six clavecins dédiés à chaque partita, que par une interprétation intérieure et poétique.

Premier grand cycle de pièces pour le clavier initié par Bach alors qu'il était encore au service du prince de Cöthen dans les années 1720, les six partitas se sont imposées comme une somme incontournable et courtisée par la plupart des clavecinistes et des pianistes. Autant dire que le déluge discographique n'est pas loin, et pourtant chaque vision apporte souvent un éclairage nouveau et passionnant, ce qui est bien le cas ici.

s'en explique : il aime la danse, essence même de ces partitas, où l'auteur repousse les limites encore plus que dans tout autre cycle. Bien sûr, chaque suite offre un climat différent, raison pour laquelle l'interprète choisit un clavecin différent de l'une à l'autre. C'est un luxe judicieux, d'autant que les instruments sont construits par des facteurs contemporains d'après des modèles allemands contemporains de Bach. On retrouve les noms de Philippe Humeau, Emile Jobin, Guillaume Rebinguet, Jonte Knifou et Arnaud Pelto, reconnus pour leurs recherches et réalisations en matière de clavecins historiques. À cela s'ajoute un enregistrement étalé sur plusieurs saisons, choisies en fonction du caractère de chaque œuvre. Voilà qui peut paraitre futile et pourtant le printemps appelle l'éveil des sens, l'hiver est plus propice à la mélancolie et l'été à la lumière.

Une autre caractéristique de cette version réside dans le choix d'un tempérament (ou système d'accord) différent pour chaque partita, se fondant au mieux à la tonalité et au cheminement musical de ces danses. Cependant, ce qui prévaut le plus dans cette nouvelle approche de cet imposant ensemble est bien le jeu même de . On est frappé par un choix de tempi toujours raisonnés et éloignés de toute vitesse inutile. Chaque note est chantée, ce qui est rare au clavecin, qui ne s'y prête pas forcément. Il y a aussi une subtilité rythmique étonnante, d'attente imperceptible de notes, de mise en valeur d'un accord rare, ou de subtils décalages afin qu'à chaque instant il y ait bien une corde qui vibre quelque part pour la cohésion du son et de l'ensemble du discours. Le grand Gustav Leonhardt avait ouvert cette voix révélatrice il y a bien longtemps déjà, en génial visionnaire.

Grâce à cette version lumineuse, les partitas de Bach rayonnent à souhait, soutenues par une prise de son réaliste et apaisante. Et pour ceux qui rechercheraient la septième partita dite « Ouverture à la française BWV 831 », complémentaire du cycle officiel, elle se trouve déjà sur un autre CD de Jean-Luc Ho (Encelade ECL 1101) interprétée dans le même esprit sur un clavecin d'Emile Jobin.

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