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Nuit et rêves avec Schubert, Insula Orchestra et Laurence Equilbey

Très beau concert Schubert par l' et , avec une Inachevée comme on souhaiterait en entendre plus souvent. Les lieder avec orchestre, en dépit des qualités intrinsèques des deux solistes, auront moins convaincu dans le cadre de la thématique mise en avant pour ce concert.

Sans doute est-ce la première partie qui aura le mieux illustré la thématique « Nuit et rêves » annoncée comme fédératrice du concert. Après une ouverture de Rosamunde de très belle facture, mais à l'écriture somme toute conventionnelle, c'est surtout la symphonie Inachevée qui aura constitué la pièce maîtresse d'un concert entièrement consacré au grand compositeur autrichien. L'ensemble , par la transparence de ses timbres, par l'incroyable qualité de l'ensemble de ses pupitres, par les mille variations dynamiques dont il est capable, a littéralement enchanté le public de l'Arsenal de Metz, habitué à des formations symphoniques à l'effectif plus considérable. La taille de la grande salle de l'Arsenal ne semble pas avoir été un frein à la lisibilité d'une interprétation toute en nuances, portée par une en état de grâce. La qualité d'une telle lecture, qui donne l'impression d'entendre pour la première fois une partition que l'on croyait connaître par cœur, semble rendre caduc le débat sur la nécessité ou non de jouer le grand répertoire du dix-neuvième siècle sur instruments d'époque.

La seconde partie, consacrée aux lieder avec accompagnement d'orchestre, a nettement moins convaincu. Et cela n'est ni la faute de la mezzo-soprano , au joli timbre soyeux mais au volume relativement limité, ni du ténor , au ténor joliment coloré capable de la plus belle mezza voce et des nuances les plus subtiles. Ce sont les sonorités du piano qui nous ont manqué dans ce délicieux rapport parole et musique où c'est le propre des notes que de faire ressortir le texte. Trop souvent couverts par une orchestration habile mais excessivement lourde – on exclura peut-être la délicieuse « Truite » de Britten ou le « Du bist die Ruh' » de Webern –, nos deux chanteurs ne sont parvenus que rarement à faire vivre les mots destinés à nous faire rêver. Peut-être l'enregistrement discographique qui est prévu, mais avec d'autres solistes, parviendra-t-il à restituer l'équilibre texte-musique qui ce soir, hélas, nous aura quelque peu manqué.

Crédit photographique : © Jana Jocif

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