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Alexis Descharmes – Ricardo Nillni, monographie d’un duo

Le violoncelliste , dont l'engagement profond et sincère pour la création musicale n'est plus à démontrer, nous offre un nouveau disque monographique autour de l'œuvre du compositeur (né en 1960).

Hélices, une pièce pour violoncelle seul qui fut écrite à l'occasion du trentième anniversaire de l'interprète donne le nom et le ton de ce disque consacrant la collaboration pérenne et engagée d'un compositeur et d'un violoncelliste dont la première rencontre eut lieu il y a 10 ans dans le cadre de l'Ensemble Court-Circuit.

Ce projet, dont est la cheville ouvrière, réunit six œuvres en solo ou en duo et se conclut par un Double Concerto avec ensemble le tout étant lié par une unité due au long travail musical qui a réuni l'interprète et le compositeur .

Les pièces solistes proposées (Dressing Cello, Hélices) tissent un fil formel et poétique dont le violoncelliste déploie le potentiel expressif et sonore sans rien céder à l'exigence d'une temporalité contrastée. Dans Dressing Cello, le déploiement des figures et de formules quasi incantatoires dresse un portrait poétique de l'œuvre de Nillni dont dessine avec finesse les contours et les obsessions. Hélices, placée plus tardivement dans l'ordonnancement du disque, ne manque pas de confirmer cela tout en nous rappelant à la réthorique instrumentale qui semble définir l'univers et les préoccupations sonores du compositeur avec ses gestes harmoniques, ses oppositions dynamiques par blocs et un travail sur la fragilité du timbre tout en gardant la note comme point de référence.

Double Hélice, Involuta et Undae, des duos combinant respectivement le violoncelle à la clarinette (), à la flûte () puis à la harpe (), prolongent le parcours poétique de ce disque et confirment les thématiques qui caractérisent l'écriture nillnienne de cette période. De résurgences en explorations sonores, des éléments familiers se présentent à nouveau et disparaissent. L'on peut alors penser aux « objets retrouvés » dont parlait Pierre Boulez, ces éléments qui traversent les œuvres et semblent nous faire passer du temps de l'exécution à celui du souvenir. L'on chemine alors au travers des œuvres avec une sensation nocturne. Entre harmonie et timbre, du calme extatique et fragile aux agitations obsessionnelles, les interprètes nous proposent ici un passage à travers des paysages sonores qu'ils dessinent et alternent avec maîtrise et délicatesse.

Le Double Concerto pour violoncelle, harpe et ensemble ( sous la direction de ) qui conclut ce périple fait la synthèse des œuvres précédentes avec énergie et brillance. Le discours polarisé jusqu'au dernier moment nous emmène au cœur de l'œuvre, et ce jusqu'à sa propre liquidation.

En conclusion l'on saluera à nouveau l'engagement rare du violoncelliste Alexis Descharmes qui, dans la continuité de son travail discographique déjà impressionnant, a su rassembler une équipe musicale qui sert admirablement et avec générosité la musique de notre temps.

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