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Les derniers feux de Faits d’Hiver 2017

Les deux derniers spectacles de l'édition 2017 du festival Faits d'Hiver à Paris donnent l'occasion d'éprouver sa vue et son ouïe dans des expérimentations sensorielles inédites. Avec 26 danseurs professionnels et amateurs, Yvann Alexandre envahit la Conciergerie pour Les Fragments Mobiles, tandis que conjugue à deux corps sa création Inertia.

« Monuments en mouvement » permet régulièrement aux monuments historiques de s'animer en accueillant performances et spectacles de danse. Yvann Alexandre s'empare ici de la vaste et médiévale grande salle de la Conciergerie pour un mystère nocturne, Les Fragments Mobiles. À demi masqués par les piliers, les interprètes de ce projet démultiplient la chorégraphie sous une forme fractale et impressionniste. Pour les spectateurs, assis sur des bancs le long d'un large rectangle, la vision de l'espace, et donc de la chorégraphie, n'est que partielle. Le nombre (permis par le recours à des danseurs amateurs issus des ateliers de Sciences Po Paris et ACTS) compense la faible lisibilité des parcours.

Comme des moineaux s'égaillant aux quatre coins d'un espace familier, ils en occupent les différents angles et finissent par s'unir dans une vaste sarabande. En noir et rouge, ils jouent du contraste symbolique entre ce lieu solennel d'où jaillit la lumière et les ténèbres d'un accompagnement musical composé d'extraits de Schubert et de Bencini. Le projet sera proposé aux Hivernales d'Avignon dans sa version avec les 11 danseurs professionnels les 18 et 19 février dans la Grande Audience du Palais des papes à Avignon, puis jusqu'en juillet dans d'autres monuments historiques à travers la France.

Toute autre est la proposition de , chorégraphe américano-belge et de ses deux interprètes et , dans Inertia. Ce duo à la fois organique et austère s'appuie sur une écriture subtile de micro-mouvements et de gestes infimes et délicats. Deux poches argentées, appendice géant au costume sombre des deux danseuses, font office de seuls accessoires. Comme des armures miniatures, elles protègent et arment simultanément les personnages ici dessinés.

Le spectacle s'appuie sur un travail de lumière et de vidéo basé sur le cadre et sur des effets de transparence, derrière trois lés de voile tendu. La musique, une composition électronique d', nous projette dans des univers d'outre-tombe passablement sombres. Concentrées, les deux danseuses s'y plongent et font ricocher leurs mouvements à l'infini sur ces ondes sonores. Une proposition qui mériterait d'être approfondie et enrichie, pour être d'un abord moins froid et moins sévère.

Photos : © Fabrizio Clemente et Maïa Jannel

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