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À Lausanne, Les Zoocrates de Thierry Besançon

À l'Opéra de Lausanne, la musique attrayante de dans Les Zoocrates, « loufoquerie opératique » pour jeune public, est dénaturée par le texte ampoulé et onomatopéique du livret et une mise en scène quelque peu tristounette.

Le lion devenu vieux, il convoque les animaux des alentours pour trouver son successeur. Mais les jalousies lui conseillent de procéder à une élection zoocratique. S'en suit une série de discours dont on devine la teneur pour en arriver à un compromis où chacun dirigera les autres à tour de rôle.

Tout cet argument aurait pu se développer en une très belle fable si le livret d' s'arrêtait à l'essentiel du propos. Malheureusement, à force de s'écouter dire, à force de vouloir asséner des bons mots, à force de bavardages verbeux, le texte se noie dans la confusion et la pédanterie. Trop de mots et peu de discours.

Et c'est bien dommage car la musique de est fort plaisante. Fidèle à ses convictions, le compositeur vaudois offre des pages dont l'inspiration s'associe à la comédie musicale américaine ou aux musiques de film. Une musique rythmée, indissociable du percussionniste que fut le compositeur aux débuts de sa carrière de musicien. Ainsi, dès l'ouverture l'esprit des musiques « jungle » s'impose avec le son des tams-tams, relayé bientôt par des rythmes de mambo. Les orchestrations sont seyantes, colorées, laissant beaucoup de place aux cuivres et aux bois. Une musique étincelante dont l' se fait l'excellent complice parfaitement dirigé par la baguette énergique et musicale du jeune chef (27 ans) .

Cette histoire mettant en scène des animaux, et accessoirement un chasseur de brousse, se veut une fable enfantine. On s'attend dès lors à une mise en scène colorée et joyeuse. Au lieu de cela, les metteurs en scène et enfoncent leur propos dans le décor poussiéreux et sombre d'un musée d'histoire naturelle abandonné. Toute la poésie éventuelle du dessein de cette « loufoquerie opératique » se ternit dans l'inutile grisaille d'un univers plus propice à une intrigue dramatique qu'à cette farce. En ajoutant à cela une direction d'acteurs sinon scolaire du moins quasi inexistante (pour de jeunes chanteurs à l'expérience scénique limitée), le spectateur enfant n'y trouve pas son plaisir et comme l'adulte s'y ennuie rapidement.

Si du côté théâtral, les excès scéniques de frisent la grossièreté, la distribution vocale s'avère modestement acceptable. Chacun s'ingéniant à faire bonne figure (l'aspect du chant lyrique et du phrasé musical ayant été malheureusement négligé), seuls quelques-uns sortent du lot sans pour autant faire preuve de fraternité musicale pour que l'ensemble vocal soit en cohérence. Ainsi, le ténor (Le guépard), tout comme la soprano (La gazelle) semblent posséder un instrument de qualité dont ils ne ménagent pas la puissance quitte à dénaturer l'harmonie des ensembles. Le contre-ténor (La hyène) manque encore de métier pour contrôler un instrument vocal dont il ne maîtrise pas les stridences même si le rôle (ou la partition) de la hyène « rieuse » ne pousse pas au lyrisme. Quant à eux, les autres protagonistes du plateau ne semblent pas très à l'aise à l'instar de la basse (Le lion) semblant avoir perdu tout charisme par rapport à sa récente prestation du Spectre dans Hamlet d'Ambroise Thomas sur cette même scène lausannoise.

Crédit photographique : © Marc Vanappelghem

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