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Contrebasse soliste et musique française avec Thierry Barbé

Thierry Barbé, contrebassiste supersoliste de l'orchestre de l'Opéra de Paris, signe un album original et soigné de musique française qui défend et enrichit le répertoire de la contrebasse soliste. Le violoncelle n'a qu'à bien se tenir !

Parmi les cordes, le répertoire de la contrebasse soliste est plus réduit encore que celui de l'alto, et il est encore essentiellement à créer. C'est ce à quoi s'attache Thierry Barbé avec cet album French Impressions qui réunit deux commandes qu'il a faites à et (lui-même contrebassiste), une transcription de la Sonate pour violoncelle et piano de de 1915 et une autre du Concerto pour contrebasse et orchestre à chambre de de 1971.

Les trois premières pièces ont en commun un esprit français, avec des atmosphères impressionnistes, recueillies, rêveuses chez Mulsant (composée en 2014), plus piquées et rythmées chez Dubugnon (2009), plus lyriques et emportées chez Debussy. Si la contrebasse n'a pas la facilité d'expression du violoncelle, pour autant sa tonalité sourde et ses aigus contraints dégagent une personnalité sonore attachante qui crée un dialogue particulier avec le piano.

Le Concerto de Tomasi est la dernière pièce achevée par le compositeur peu avant sa disparition en 1971. Plus abstraite, atonale et dépouillée avec de rares et courtes échappées mélodiques, elle est en elle-même d'un abord peu évident. A cette difficulté, la transcription de la formation d'orchestre de chambre en piano ajoute une tonalité percussive qui modifie sensiblement l'équilibre avec la contrebasse et apporte une aridité supplémentaire.

A noter le soin particulier de l'édition, la précision de la notice bilingue, l'enregistrement proposé en CD et DVD, il y a même un site internet dédié à ce disque. La vidéo a un but didactique pour montrer la position du musicien qui tient sa contrebasse entre les jambes comme un violoncelle. L'instrument est un « Quenoil » aux épaules plus étroites pour permettre un jeu plus facile dans les aigus, du nom du luthier français Charles Quenoil (1878-1952)  qui l'avait développé.

Thierry Barbé défend son instrument avec passion et développe son répertoire de manière cohérente avec des compositeurs avec lesquels il partage des affinités profondes. Un engagement qui mérite d'être salué.

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