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Louis-Noël Bestion de Camboulas à ses claviers signe son premier disque

Un premier disque est toujours un événement d'importance dans la vie d'un jeune artiste, qu'il est préférable de réussir au mieux. Tel est bien le cas ici avec le choix par le claveciniste et organiste d'un programme articulé autour de Bach et de ses amis, servi par deux instruments d'exception. Le jeu libéré de l'interprète nous guide vers de belles rencontres et vers de captivantes découvertes.

Depuis la Renaissance, le clavecin et l'orgue furent liés et joués par les mêmes artistes dans bien des circonstances et des situations variées. Ces claviéristes comme on les nomme, passaient sans problème de l'un à l'autre, le clavier étant leur dénominateur commun. Compositeurs interprètes, leur production fait la part belle à chacun des instruments réunis aussi par un toucher aussi voisin que subtil. Parfois la même œuvre pouvait se jouer indifféremment sur tel ou tel clavier ou au contraire revendiquer sa propre spécificité. Toutes ces options se retrouvent ici dans un choix judicieux de pièces puisées dans le répertoire germanique du XVII° siècle jusqu'à Bach. Cela permet du coup d'en saisir le contenu et l'évolution. La polyphonie alimente le discours, mais la mélodie accompagnée et ses variations occupent aussi une place de choix.

cultive cet art du clavier de la plus belle des manières, avec liberté et panache. Il joue le clavecin soliste, mais aussi parfois pour le continuo en dirigeant son ensemble « Les Surprises ». Il en possède une pratique vivante et naturellement maitrisée. On appréciera le jeu articulé bien au fond du clavier dans le flamboyant Prealudium de Buxtehude ou la Pavane de Scheidemann. Les sonorités charmeuses du clavecin de , dans la belle captation de Christoph Frommen éclairent le discours. Après la savante et pourtant si distrayante Toccata de Bach, le passage à l'orgue se fait tout naturellement avec Muffat et sa Toccata remplie d'italianismes. Böhm qui fut sans doute l'un des maîtres presque cachés de Bach montre sa rudesse parfois ainsi que son lyrisme dans son célèbre choral du Notre Père, luxurieusement orné plus tard par Johann Gottfried Walther. Le nouvel orgue Thomas de style baroque hollandais soutient une rhétorique sans faille, culminant dans l'un des chefs-d'œuvre absolus de la littérature d'orgue : La Fantaisie et fugue en sol mineur de Bach. L'interprète déclame, interroge et construit une œuvre puissante au cheminement envoûtant.

Ce premier disque témoigne de la place au tout premier rang de ce jeune musicien à la forte personnalité, issu des conservatoires de Lyon et de Paris, en route pour une belle carrière lumineuse d'inspirations diverses, sur ses claviers solistes ou entouré de ses musiciens.

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