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Kurtág et la voix au Festival Infektion!

En une soirée, la Staatsoper réunit un court spectacle de jeunes artistes et un passionnant panorama de la musique vocale de .

Dans un festival, la confrontation peut avoir du charme. Le spectacle de fin d'année des participants adolescents (et, très majoritairement, adolescentes) des programmes pédagogiques de la Staatsoper, puis un concert intime d'œuvres de l'un des plus grands compositeurs d'aujourd'hui : pourquoi pas, après tout.

Le projet artistique du spectacle pédagogique, à vrai dire, n'est pas très limpide, malgré la référence aux juxtapositions aléatoires des Europeras de . Pendant une petite heure, les jeunes gens passent le temps comme le fait le public d'une maison d'opéra avant de rejoindre sa place ; pendant ce temps, ils chantent quelques chœurs et jouent des saynètes qui ont quelque chose de l'ironique élégance des pièces de Pina Bausch. Ce n'est pas déplaisant, mais l'essentiel est à venir.

Kurtág, la voix et l'humour

Autour de la soprano , la musique vocale de est à l'honneur pour un concert monographique qui met en évidence non pas les œuvres les plus connues de sa production (Messages de feu R. V. Trussova ou Kafka-Fragmente), mais des œuvres qui témoignent de l'étendue de sa longue carrière comme de la diversité de son inspiration. L'humour, cependant, y est presque partout présent, fût-ce sous la forme de l'ironie acide dont l'héroïne des Scènes d'un roman fait preuve à son propre égard. Il est particulièrement efficace dans les aphorismes du physicien Lichtenberg : Kurtág les livre dans toute la sécheresse de leur charge comique, ne laissant qu'à peine à la voix et à la contrebasse le temps de prendre conscience de la poésie doucement absurde qu'ils passent en fraude. , qui avait assuré la création de l'œuvre en 1999, fait montre de toute la minutie de détail qui donne à ces phrases le tempo juste sans lequel elles tomberaient à plat.

Ses trois partenaires se rejoignent dans les Scènes d'un roman, qui permettent d'admirer la délicatesse de l'écriture chambriste de Kurtág, son expressivité discrète en même temps que les échappées soudaines vers le vaste monde de l'intimité. On aurait seulement souhaité une acoustique moins perturbée que celle du beau foyer vitré du Schillertheater : le plaisir de visiter une dernière fois la maison provisoire de la Staatsoper avant qu'elle ne reparte Unter den Linden ne compense que partiellement les bruits de soufflerie et ceux de la rue qui pénètrent dans le bâtiment.

Photo : © Christoph Hein

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