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La 44e édition du Festival des Arcs ou la musique au sommet

Le festival de musique classique des Arcs reste fidèle à l'esprit de son fondateur, le promoteur Roger Godino, créateur de la station : académie d'été, concerts de musique de chambre gratuits dans une ambiance à la fois décontractée et attentive, et répertoire inventif. C'est cet ensemble qui fait de ce festival une manifestation toujours intéressante et à part dans le panorama des festivals de l'Hexagone.

Les deux dernières journées du festival des Arcs résument bien l'esprit singulier de cette 44e édition. Le promoteur de la station des Arcs, Roger Godino, a en effet voulu que l'accès gratuit à la culture musicale vienne enrichir spirituellement les résidents de la station et que cette manifestation soit aussi un tremplin pour les jeunes interprètes. Le premier concert du 31 juillet programme ainsi le jeune formé d'instrumentistes à peine sortis du Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Le résultat s'avére convaincant dans le trio hongrois de Haydn, pièce il est vrai assez facile, tout comme dans la rare Romance de Martucci (un autre point fort récurrent du festival que de programmer systématiquement des œuvres peu interprétées). Vient ensuite le George Trio de , hommage au poète Stephan George à travers la transcription de trois pièces de Berg (Altenberg lieder n°4), Schoenberg (extrait de la Sérénade op. 24) et Webern (Chœur de l'op. 2). Intéressante démonstration, commentée avec passion et humour par le compositeur, en résidence aux Arcs cette année. Seul le Trio op. 8 de Brahms montre ensuite que la jeune formation Hélios doit encore mûrir avant de se confronter aux sommets du répertoire.

En soirée, un concert « carte blanche » à offre d'abord l'occasion d'entendre , directeur artistique du festival depuis 2005, dans une rare et brillante sonate pour violon et basse continue de Veracini, puis et Lionel Schmitt avec dans le magnifique deuxième trio de Mendelssohn. Mais c'est bien la tragique première sonate de Schnittke qui constitue entre les deux le sommet du concert pour l'interprétation tendue et somptueuse, de son comme de phrasés, de , décidément l'un des meilleurs violoncellistes français d'une génération pourtant prodigue en musiciens de qualité.

Le lendemain, une schubertiade associe la transcription par du thème de la jeune fille et la mort tiré du Quatorzième quatuor, à cinq lieder parmi les plus célèbres, remarquablement interprétés par . En conclusion, le concert final quitte la jolie salle en bois de la Coupole pour le (trop) vaste centre Taillefer. Le programme s'ouvre par le rare quintette à deux violoncelles en mi mineur de Cherubini, musique, comme toujours avec ce compositeur, admirablement écrite mais dont la rhétorique masque difficilement une inspiration un peu courte. Quelques extraits de West Side Story par font décoller la salle par leur abattage, avant de donner la parole à , compositrice en résidence l'année prochaine, dont le Premier quatuor s'inscrit brillamment dans la descendance revendiquée de celui de Dutilleux. Enfin, la soirée s'achève par le sublime Quintette de , dans une interprétation représentative de l'esprit des Arcs, de la musique entre instrumentistes amis plus qu'une recherche d'affiches de stars. C'est cet esprit qui rend le festival des Arcs irremplaçable dans le paysage musical français.

Crédits photographiques : © Christine Augé

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