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Un vent ibérique souffle sur Chaillot pour sa 3e Biennale d’Art Flamenco

Comme une parenthèse suspendue à l'heure ibérique, la 3e biennale d'art flamenco s'installe à Chaillot. Le Théâtre National nous immerge, le temps de neuf spectacles, dans le folklore sévillan ; sans la tour Eiffel, en toile de fond, on en oublierait presque la capitale !

Les pièces les plus audacieuses et novatrices côtoient subtilement l'authenticité du flamenco des « Tablao » et la nouvelle génération partage l'affiche avec les légendes de l'art andalou, mariage improbable et résolument moderne.

En ce dimanche terne, c'est José Galván qui habite et colore la scène, aménagée pour l'occasion dans le grand foyer. Légende vivante dans son pays, l'artiste de 68 ans nous plonge, l'espace d'une après-midi enchantée, dans l'ambiance des cabarets andalous. Autour de tapas et d'un verre de sangria, le public se perd dans les sonorités d'une Espagne rêvée que le spectacle livre à ses pieds.

Paris et Séville se rencontrent et partagent leurs richesses. Une troupe profondément authentique se découvre, bravant le froid automnal, devant un public composé d'amateurs et de curieux. Ces derniers, venus découvrir ou redécouvrir le « flamenco pur », incarné et maintenu en vie par un homme, se laissent subjuguer. Ils mesurent à peine la chance de voir évoluer José Galván, qui quitte très rarement les planches de l'école qu'il a fondée à Séville. Alliant qualités de danseur et de fin pédagogue, le « maître de flamenco » à l'art intemporel concentre les regards. Accompagné sur scène par chanteurs, musiciens et danseurs, il nous emporte dans cette danse traditionnelle qui a gagné le mouvement, après avoir dépassé le chant dans lequel elle est née.

La charge émotionnelle se referme inexorablement sur un public conquis, suivant la construction en un crescendo imperceptible de la pièce. Devant cette sincérité si ouvertement exposée, l'émotion jaillit et transmet une énergie communicative. À travers une danse aux mouvements improvisés que le chant inspire, c'est toute la sensibilité de l'être qui se dévoile. Venue du fond de l'âme, cette danse libère une énergie presque animale. Le flamenco se vit, le corps tout entier s'oublie, pour se laisser porter par un rythme endiablé que tout efface. Pour le public, le confort du fauteuil n'est qu'illusoire, tant l'émotion l'emporte. Alors que les poignets se brisent, que les torses se bombent, que les talons claquent, l'énergie traverse la salle à qui le spectacle n'a laissé aucun répit.

« Les gens vivent le flamenco partout dans le monde » déclarait l'homme qui enflamme la scène. La danse est aussi de celles qui vous sortent de l'indifférence, pour finalement vous abandonner, épuisé.

Crédits photographiques : © Jean-Louis Duzert

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