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Robert Kowalski dans un beau Concerto pour violon de Strauss

Le jeune offre une belle lecture du rare concerto pour violon, témoignage du génie précoce de . Dommage qu'elle soit couplée à une décevante réalisation de l'ambitieuse suite « Aus Italien » qui laisse déjà percer le langage du futur auteur de la « symphonie des Alpes ».

Compositeur particulièrement précoce, n'a réellement signé son premier chef d'œuvre qu'avec le poème symphonique Don Juan en 1889, à l'âge de vingt-cinq ans. Mais cette partition avait été précédée de nombreuses œuvres qu'on pourrait qualifier d'apprentissage, témoignant déjà d'un métier confondant mais d'une personnalité encore mal dégagée des influences de Schumann et Brahms. C'est le cas des deux symphonies, comme du Concerto pour violon qui ouvre ce disque (1882). Il met superbement en valeur le soliste dans un langage qui évoque aussi Bruch ou Joachim, mais manque encore de personnalité.

Le Concerto n'a pas suscité une discographie considérable, aussi on ne peut que se réjouir de cette nouvelle version, qui met en avant la superbe prestation du jeune Polonais , impeccable techniquement et surtout enthousiasmant de musicalité et d'élan. L'orchestre, réduit à un rôle de faire-valoir et d'accompagnement, se révèle attentif et soutient efficacement son soliste.

Avec Aus Italien (1886), l'ambition straussienne est tout autre ; cette suite symphonique en quatre mouvements inspirés par un voyage du compositeur en Italie recèle déjà bien des traits caractéristiques du futur style straussien, à l'image du grand thème lyrique qui illumine la fin de la première partie. Assez inégale, l'œuvre souffre d'un final basé sur « funiculi, funicula », assez faible et bruyant. Pour transcender cette partition attachante mais longuette et inégale, il faut un orchestre particulièrement virtuose et un chef inspiré ; hélas, l' est à la peine (justesse défaillante des cordes, imprécisions des vents, hétérogénéité perceptible) sous la direction plutôt banale de . Pour entendre la vraie Aus Italien  restituée avec sa flamboyance et dépasser ses maladresses et ses longueurs, il faut revenir aux gravures de Krauss avec les viennois, Kempe à Dresde ou Muti avec les Berlinois, trois versions de maîtres de la baguette avec les meilleures phalanges mittel-européennes. Le nouvel enregistrement est loin, très loin, derrière de telles références.

 

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