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Le Ballet du Rhin donne vie au Chaplin de Mario Schröder

Première compagnie française à inscrire le ballet de à son répertoire, le Ballet de l'Opéra national du Rhin donne énergie et jeunesse à la figure de dans un ballet atemporel.

C'est l'un des personnages les plus célèbres du XXe siècle. Charlot, inimitable avec son melon, sa moustache, son costume noir cintré et sa canne, qu'il fait tournoyer avec désinvolture, rythmant ainsi sa démarche si particulière. Ce personnage de fiction que l'on a longtemps confondu avec son créateur, Charles Chaplin, parcourt symboliquement tout le ballet de , créé en 2010 par le Leipziger Ballet. On aperçoit tantôt une canne, tantôt la barre noire d'une moustache ou le bombé d'un chapeau melon, passant d'un danseur à l'autre. Cette figure émouvante et puissamment évocatrice ne cannibalise pourtant pas le déroulé de ce ballet narratif consacré à la vie et à l'œuvre de Charles Chaplin.

Comme le docteur Coppelius dans Coppélia avec sa poupée mécanique, Charlot est la créature, l'invention de Chaplin, son gagne-pain aussi, puisqu'il est le principal personnage de ses films, du Kid aux Lumières de la ville. en explore toutes les facettes, dans des scènes enlevées et drôles, où il n'hésite pas à faire reproduire par les danseurs les scènes les plus chorégraphiques des Temps modernes, du Dictateur ou la scène du rasage. Chaque séquence du ballet est ample, généreuse, menée à un rythme soutenu par le corps de ballet qui joue les figurants ou la foule, et racontée avec subtilité par deux ou trois solistes mis en valeur avec élégance.

Le chorégraphe esquisse les principales étapes de la vie d'homme de Charles Chaplin. Son enfance, ses débuts dans le divertissement, ses succès à Hollywood, ses trois histoires d'amour, pour finir par la haine du maccarthysme qui le clouera au pilori.
En toile de fond, l'industrie du cinéma ou la guerre donnent lieu à de très belles séquences, pleines de poésie, comme lorsque le dictateur apparaît dans une bulle, reflet du globe terrestre projeté en fond de scène.

Le décor de Paul Zoller est une véritable réussite : boîte blanche carrelée en fond de scène, à la Jean-Pierre Raynaud , symbolisant l'enfermement de l'artiste ; larges dégagements sur les côtés permettant d'installer des accessoires et de faire circuler les danseurs ; mobilité des changements qui accompagnent avec fluidité la narration.

C'est aussi la fluidité que l'on retiendra de la chorégraphie de Mario Schröder, qui dessine de larges fresques humaines à l'unisson, avec une dose d'humour. Dans le rôle de Chaplin, Renjie Ma, très noble, peut-être un peu trop, tandis que Monica Barbotte fait preuve de justes facéties dans le rôle de Charlot. Enfin, et ce n'est pas la moindre qualité de ce spectacle, chaque extrait musical choisi, qu'il soit signé , , ou , tombe juste. Comme le dit Bruno Bouché, directeur du Ballet du Rhin dans son éditorial au programme, c'est la preuve d'une culture musicale hors du commun.

Crédits photographiques : © Agathe Poupeney

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