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Ilya Gringolts interprète la musique de Chostakovitch

Le violoniste réussit la quadrature du cercle dans les Trios avec piano et la Sonate pour violon et piano de Chostakovitch, entre équilibre et force expressive inhabituelle.

est un artiste qui échappe aux normes commerciales, car il n'enregistre pas les partitions de compositeurs dont les grandes maisons d'édition sont épris. C'est pour cette raison-là, et aussi grâce à une qualité interprétative hors pair que ses enregistrements méritent attention. C'est le cas de cette nouvelle production, pour laquelle le violoniste russe est rejoint par et .

Rares sont les « bonnes » gravures des Trios avec piano de Chostakovitch. La difficulté interprétative de ces œuvres, une véritable quadrature du cercle, consiste à garder l'équilibre entre le discours narratif, la dramaturgie et le sarcasme par lequel le caractère de ces partitions se distingue. Dans le cas du présent enregistrement, la réunion ponctuelle sous l'égide de Gringolts évite avant tout le pathos et la mièvrerie, en cherchant à donner aux phrasés, voire aux plus petits motifs, une force expressive inhabituelle. Toutes les proportions étant gardées, les chambristes nous offrent une prestation cohérente, harmonieuse (aucune dominance de la part du violoniste virtuose ou de l'un de ses collègues, comme c'est parfois le cas pour ce type de productions) et optant pour les tempos justes, c'est-à-dire naturels dans leur fluidité, et ni exagérément allants, ni traînants.

Pour ce qui est de la Sonate pour violon et piano, nous sommes émerveillés par le jeu d' mettant en lumière le poids émotionnel qui irradie cette belle page d'un bout à l'autre, de même que débordant de lyrisme (Andante), vitalité (Allegretto), intelligence et sensibilité, et pour lequel l'excellent Giuseppe Guarneri « del Gesù » (datant de 1742-43) dont l'artiste se sert, offre une grande variété de nuances, et surtout de sonorités rondes et charpentées, parfois très âpres, comme il le faut, d'ailleurs, là où la tension atteint le sommet (Largo). est un partenaire idoine pour Ilya Gringolts : il a la même respiration et il est précis quant à l'articulation, ce qui lui permet, entres autres, d'accentuer l'angoisse, mais aussi de soutenir la ligne « vocale » menée par le violon dans les passages où celui-ci « chante » une douce mélodie.

La prise de son effectuée par Andreas Werner est pure, en mettant en valeur les qualités sonores de chacun des trois instruments. En somme, nous obtenons un magnifique disque, recommandable à tous les audiophiles mélomanes.

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