Diane Andersen fait un pas de plus vers l'exhumation de Claude Delvincourt avec ce premier album autour de l'oeuvre pour piano seul qui propose des Croquembouches fort savoureuses.
La pianiste s'est faite remarquer pour son intérêt envers des auteurs oubliés mais néanmoins forts intéressants, tels Jongen, Castéra, Guillon-Verne et Claude Delvincourt, dont elle a déjà fait paraître un volume de musique de chambre.
Avouons que les Croquembouches de 1926 demeurent assez uniques dans la littérature pianistique. Douze miniatures qui synthétisent à elles seules l'esprit créatif de Delvincourt, dans des titres éloquents. Seule une imagination puissante pourra se faire une idée de l'art de transposition musicale dont il a su faire preuve : omelette au rhum, rahat loukhoum, meringue à la crème, baba, pets de nonne, nègre en chemise, huile de ricin… Une espèce d'humour rossinien mêlé au raffinement d'écriture français début de siècle, une mise en scène innovante grâce à un langage très personnel, dont on peut imaginer d'ailleurs qu'il a été une sorte d'exutoire comique à une existence entachée par une souffrance physique permanente, séquelles inoubliables d'un certain 31 décembre 1915. Cinq morceaux d'allure traditionnelle, mais déjà personnels, servent de pont aux Cinq pièces pour le piano de 1923, elles aussi tout aussi virtuoses et bien dans leur siècle.
La version sans concurrence de Diane Andersen, complétée d'un livret très documenté, retrouve cette impertinence, cette clarté, cette façon de ne pas se prendre au sérieux malgré un matériel sonore très dense. On attend avec impatience la suite dans un volume 2, avec les Danceries, Boccacerie, Onchet, Heures juvéniles.