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Federico Maria Sardelli ressuscite le clavecin des Lumières

Écrites entre 1990 et 2016, ces trois Suites pour le clavecin pourraient être attribuées à François Couperin ou à Pancrace Royer. Elles sont pourtant l'œuvre d'un musicien contemporain à la personnalité complexe et aux talents multiples, , à la fois chef d'orchestre, compositeur, flûtiste, musicologue (spécialiste de Vivaldi), mais aussi écrivain, peintre, dessinateur, auteur de bandes dessinées et humoriste.

Ces pièces pour le clavecin ne sont pas revendiquées par leur auteur comme des pastiches « à la manière de ». Le retour aux formes du passé est pour Federico Sardelli indissociable de la démarche de création, et sa connaissance profonde du style du XVIIIe siècle nourrit son inspiration de compositeur. Par son éclectisme, Federico Sardelli est profondément un homme du Siècle des Lumières.

Dans la première suite, écrite en 1990, le compositeur nous propose une galerie de portraits, comme l'auraient fait François Couperin et ses contemporains, en illustrant les Caractères de La Bruyère. La suite s'ouvre par un prélude non-mesuré, dans la grande tradition de la fin du XVIIe siècle en France.

La deuxième suite, écrite en 2006, offre la succession classique des danses françaises (allemande, courante, sarabande, gigue) et se termine par une Chaconne en rondo fort développée.

La troisième, qui ouvre cet enregistrement, évoque plutôt les livres de clavecin français des années 1740. Il s'agit d'une compilation faite en 2016 de pièces de caractères écrites au fil des années précédentes. La première pièce (La Lunatique), par son écriture virtuose et ses soudaines ruptures, rappelle l'écriture fantasque de Pancrace Royer. Les titres choisis pour les pièces de cette suite signent une musique à programme dont l'écriture rend parfaitement les affects.

Enfin, cet enregistrement se termine par une admirable Chaconne composée à la mémoire immortelle de l'incomparable M. de Lully, écrite à l'origine pour orchestre et transcrite pour le clavecin, comme l'a fait d'Anglebert (et d'autres) avec les grandes chaconnes et passacailles des opéras de Lully, dans le plus pur style du Grand Siècle.

L'interprétation que nous livre de ces suites inédites est tout à fait remarquable. Son jeu, tour à tour noble et sensible, brillant et inspiré, fait magnifiquement sonner l'instrument.

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