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Domenico Severin fait résonner l’orgue de la cathédrale d’Uppsala

Quoi de mieux qu'un florilège de Toccatas pour présenter un orgue de cathédrale ? offre ici une belle démonstration de pièces romantico-symphoniques en harmonie avec l'esthétique très orchestrale de l'orgue d'Uppsala.

Le grand instrument de la cathédrale d'Uppsala est ce que l'on pourrait appeler « un orgue à la page ». Construit en 2008 sur une tribune du transept nord, il vient compléter un ensemble de deux orgues déjà existants (Ackerman de 1871 et Marcussen de 1950). Le nouvel orgue offre deux consoles, l'une en tribune et l'autre mobile dans la nef. Sa composition est impressionnante, à la hauteur de ce que l'on peut attendre d'un grand instrument de cathédrale. La présentation de la console, très nord-américaine, dispose de quatre claviers, ainsi que toutes les commodités modernes, d'aide à la registration en particulier. La composition sonore est très complète, l'orgue étant inévitablement couronné par quelques trompettes en chamade cuivrées, dans tous les sens du terme, et une anche de 32 pieds à la pédale.

Avec ce matériau de base, l'interprète peut alors envisager de monter un programme mettant en valeur tous ses capacités au travers d'un programme musical essentiellement situé au tournant des XIXe et XXe siècles. Le choix de se tourne vers une forme alors fort déclinée : la toccata. Depuis la plus célèbre, celle de Bach, jusqu'à la non moins emblématique de Widor, on découvre quelques pépites telles celles de Fletcher ou de Bossi, faites pour tout faire briller : l'orgue, l'interprète, et l'acoustique abyssale d'une grande cathédrale. L'artiste réussit son pari par un jeu riche de reliefs, de clarté et de belles diversités de climats au travers d'un programme très recherché.

Ce qui étonne agréablement, c'est que ce disque au but pédagogique et vulgarisateur rapproche de pièces inédites et des grands tubes : c'est ce qui fait aussi l'un des attraits principaux de ce récital. Les frères Ruffatti de Padoue, en Italie, savent construire des orgues d'inspiration anglo-saxonne, dont on aura déjà entendu quelques spécimens dans des salles de concert aux États-Unis, jadis sous les doigts de Jean Guillou. Du coup, le répertoire d'inspiration anglaise se trouve magnifié, à l'écoute du Tuba tune de Macchia ou de la Toccata de Fletcher.

Comme à son habitude, Bernard Neveu, par une prise de son en équilibre avec la vaste acoustique, restitue de la meilleure manière ce qu'il faut retenir de cette pâte sonore complexe, combinant diverses esthétiques, françaises, allemandes et britanniques.

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