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Musiques tziganes à la sauce baroque selon Vittorio Ghielmi

et son  font tomber les frontières entre musiques savantes et musiques traditionnelles et nous offrent, avec cet enregistrement, un objet musical non identifié à la croisée des chemins baroques et tziganes.

De tout temps, il y a eu interpénétration entre les traditions musicales des Roms et les styles musicaux nationaux de l'Europe orientale. Ainsi, l'influence des musiciens tziganes, principalement venus de Hongrie, est grande dans les territoires de l'Est de l'Europe sous domination Habsbourg. On retrouve ces réminiscences jusque chez Mozart dans ses turqueries. Telemann a lui-même copié de nombreuses mélodies populaires tziganes comme l'aurait fait un ethnomusicologue. Au XVIIIe siècle, plusieurs musiciens tziganes devinrent des virtuoses célèbres dans les cours européennes. On peut citer le virtuose du cymbalum Pantaleon Hebenstreit (1668-1750) dont l'influence fut si marquante en Allemagne que le facteur Gottfried Silbermann ajouta un registre de cymbalum à ses pianoforte.

Pour cet enregistrement remarquable, s'est entouré de musiciens hongrois issus de la tradition tzigane, venus rejoindre l'ensemble Il suonar parlante. Le résultat sonore est un fabuleux dépaysement et donne sa place aux affects communs à toutes les époques et tous les peuples. Le programme alterne des musiques du répertoire baroque occidental (Vivaldi, Kirnberger, Tartini, Benda) arrangées à la sauce tzigane, et des danses ou des mélodies traditionnelles hongroises, polonaises ou roumaines harmonisées dans le même esprit. A la fois reconstruction et création, le résultat met en valeur les influences croisées entre toutes ces musiques. Particulièrement marquant, le virtuose du cymbalum, Marcel Comendant, merveilleux improvisateur qui dialogue avec le clavecin et le violon dans des mouvements de concertos de Benda et Vivaldi. Irrésistible, la dernière pièce du programme qui mixe dans un rythme effréné un Allegro de concerto pour violon de Mozart avec une danse traditionnelle roumaine jouée au violon folk par Stanislav Palùch.

Quoi de plus baroque que ces musiques tziganes qui chantent l'âme tourmentée et inquiète, tour à tour joyeuses et mélancoliques ? Enfin, une mention particulière pour le texte du livret qui éclaire parfaitement la démarche des musiciens.

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