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L’Achéron interprète à Metz les sonates d’Erlebach

Sonates en trio, certes, mais une brillante violoniste attire tous les regards.

Quand un compositeur du XVIIe siècle publie un recueil de sonates, il ne peut guère s'imaginer que, plus de trois siècles plus tard, quelques centaines de spectateurs se réuniront dans un silence religieux pour entendre chacune des six sonates, l'une après l'autre, sans même oser respirer quand les musiciens – ici, quatre instrumentistes autour du directeur artistique de l'ensemble, – accordent leurs instruments à chaque intervalle. On a souvent recréé au disque ou au concert des partitions secondaires de l'ère baroque (avant de passer, grâce au Palazzetto Bru Zane, aux œuvres de troisième ordre de l'ère romantique) : les sonates de n'en font pas partie, comme l'avait déjà prouvé en 2001 un enregistrement chez Hyperion ; mais le fait de les enchaîner, fût-ce dans un ordre modifié qui permet de clore le concert par la belle chaconne de la troisième sonate, n'est pas le meilleur service à leur rendre.

Même si les commentateurs soulignent à l'envi le rôle accru de la viole de gambe dans l'écriture d'Erlebach, qui en fait un partenaire du violon et non un simple instrument du continuo, c'est tout de même le violon qui reste le principal vecteur du discours musical, avec une écriture qui, sans être aussi virtuose que celle de Biber, pose à son interprète des défis considérables. Et pas seulement parce que, comme ce répertoire l'exige, Erlebach se prend au jeu de la scordatura et fait appel au violon piccolo. L'Achéron a trouvé la perle rare en la personne de , qui maîtrise la plus belle forme de la virtuosité, celle qui est si naturelle qu'on la voit à peine. Surtout, cette virtuosité est nourrie par une compréhension profonde du style de cette musique : le geste est net et ample, les ornements soignés, et une expressivité directe s'en dégage constamment. semble lui laisser très volontiers ce premier rôle, mais il faut avouer que la partie de viole en devient trop discrète pour créer un véritable dialogue, et se trouve en quelque sorte intégrée plus que de raison au continuo. Il n'empêche que les mélomanes auront raison d'attendre l'enregistrement de ce programme promis par L'Achéron.

Crédit photographique : © Jean-Baptiste Millot

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