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Radieux trios de Schubert par le Trio Élégiaque

Après l'avoir jouée en concert pendant plusieurs mois, le donne sa version de l'œuvre pour trio avec piano de Schubert, les célèbres opus 99 et 100, avec le fameux Notturno op.148 et le moins connu Sonatensatz D. 28.

On connaît l'immense admiration que Schubert portait à Beethoven, au point de porter de son cercueil lors des obsèques en 1827. Comme bloqué par la notoriété de son aîné, Schubert était alors surtout connu à Vienne pour ses Lieder, Ländler, valses et pièces à quatre main, alors que sa Neuvième Symphonie, qui ne fut créée qu'en 1839 par Mendelssohn à Leipzig, avait été refusée à Vienne, considérée comme « trop difficile ». En 1827, il décida de produire des œuvres significatives, et sa dernière année de vie fut émaillée d'une impressionnante série de chef-d'œuvres, dont les trois dernières sonates pour piano, le Quintette à deux violoncelles et les deux Trios avec piano. Depuis le Trio Archiduc de Beethoven en 1814, il n'y avait pas eu d'œuvre de cette ampleur pour cette formation. Le violoniste Ignaz Schuppanzigh et le violoncelliste Josef Linke, qui créèrent le Trio en si bémol majeur op. 99 le 28 janvier 1828, puis le Trio en mi bémol majeur op. 100 le 26 mars 1828, avaient également créé l'œuvre de Beethoven avec ce dernier au piano. La partie de piano, d'une difficulté extrême, était confiée à Carl Maria Bocklet, également admiré par Beethoven. Schumann prisait le Trio en si bémol pour sa radieuse fraîcheur et considérait que l'opus 100 était plus viril et dramatique que le premier.

Avec un superbe cycle Beethoven (Brilliant Classic), puis une passionnante exploration du côté de Napoléon Henri Reber (Timpani), le , où a succédé à Laurent Le Flecher au violon, se devait de graver le corpus schubertien. Face à une discographie très fournie depuis les Trio Bush, Thibaud-Cortot-Casals, aux frères Capuçon avec Franck Braley (Virgin Classic) ou Andreas Staier avec Daniel Sepec et Roel Dieltiens sur instruments anciens (Harmonia Mundi), en passant par le Beaux-Arts Trio, les Wanderer ou encore Immerseel, Beths et Bylsma (Sony), le ne démérite nullement, grâce à des sonorités transparentes, des lignes claires et une grande souplesse dans la virtuosité expressive et rythmique.

, et montrent une belle énergie dès le début du Trio en si bémol, et s'abandonnent à des accents de tendresse dans l'andante, même si l'on regrette une prise de son un peu lointaine, mettant le piano au premier plan.

Ils font merveille dans le Deuxième trio, où la belle éloquence du piano répond à la cohérence des cordes dans une clarté presque joyeuse. Leur lecture du célèbre andante nous tient en haleine, tandis que le scherzo développe des formes épurées, avant qu'ils ne s'épanouissent dans la vaste architecture du finale où revient le thème de l'andante.

Le magnifique Notturno, qui fut le mouvement lent originel du Trio en si bémol nous élève vers la méditation et la sérénité, alors que le superbe Sonatensatz D. 28, que Schubert composa à l'âge de 15 ans, encore pétri de l'esprit de Haydn, exhale une atmosphère radieuse.

Ce disque hautement recommandable trouvera sa place parmi une abondante discographie.

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