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L’art polyphonique d’Orazio Benevolo magnifié par Hervé Niquet

La découverte est de taille : une messe pour seize voix réparties en quatre chœurs d'. Dirigée par et son Concert spirituel, elle révèle les fastes de l'art français à Rome au XVIIe siècle. Une nouvelle occasion de savourer le talent de ce grand chef au service de ces formes musicales imposantes qu'il affectionne tant.

C'est grâce au musicologue Jean Lionnet que la Missa Si Deus pro nobis d' nous est parvenue, entre autres, parmi l'œuvre de nombreux compositeurs italiens du fonds musical du Vatican. Ces documents impossibles à sortir, furent recopiés inlassablement à la main par ses soins, des années durant…

Originaire d'une famille française installée à Rome à la fin du XVIe siècle, fréquenta enfant le chœur, l'église Saint-Louis des Français. Il en devint maître de chapelle en 1638. Plus tard, il obtint la direction de la Cappella Giulia à Saint-Pierre de Rome. On garde de lui une œuvre abondante faite de pièces souvent très riches en nombre de parties vocales séparées, jusqu'à 48… Grâce à ces œuvres d'exception, Benevolo aura durablement marqué son temps en Italie et en Allemagne, jusqu'à Félix Mendelssohn.

et ses musiciens ont choisi cette messe Si Deus pro nobis pour ses proportions monumentales. Chacun des quatre chœurs est accompagné d'un ensemble d'instruments, différent pour chacun d'eux. On y trouve des cornets, saqueboutes, dulcianes, orgues positifs et autres basses. Il est clair que cette musique fut composée afin d'éblouir les paroissiens et les attirer encore plus nombreux. Le discours est grandiloquent, mais magistralement sensuel. Il capte efficacement l'attention de l'auditeur qui se laisse porter par cette profusion d'effets de masses et de décibels. Certains développements évoquent les manifestations d'une marée montante qui prend possession de l'espace sonore tous azimuts, avec des phrases répétées qui instaurent un climat incantatoire. La prise de son de Manuel Mohino est opulente dans l'acoustique de Notre-Dame du Liban à Paris, lieu célèbre pour ses justes équilibres. Alpha propose à cette occasion un support SACD (standard de haute définition) qui améliore encore plus le rendu sonore.

D'autres œuvres entourent en alternance la messe de Benevolo en guise de contexte musical. Le début est introduit par une hymne de saint Ambroise remontant au IVe siècle. Plus proche de Benevolo, Monterverdi, Palestrina et Frescobaldi enveloppent les moments-clé de la messe, tel un écrin chatoyant.

Après les émotions du même ordre entendues auprès de compositeurs tels Alessandro Striggio ou l'Anglais Thomas Tallis avec son fameux Spem in Alium pour quarante voix indépendantes, la messe de Benevolo se place en tête des œuvres vocales baroques à grand spectacle. et ses musiciens, conscients de l'enjeu, signent là l'une de leur plus belles réalisations.

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