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Deux versions du Concerto pour violon de Beethoven transcrit pour piano

La transcription pour piano du Concerto pour violon en ré majeur de , réalisée par celui-ci en 1807, s'enrichit de deux interprétations remarquables bien distinctes, par sur un piano moderne, et par sur un piano historique.

Piano moderne

Pour ce qui est de l'exécution proposée par , nous avons une lecture en quelque sorte « verticale » : le pianiste fait particulièrement attention au rythme et à l'articulation, incroyablement précise et sophistiquée sous ses doigts, mais aussi à la pureté du toucher. Les sonorités se dégageant du Steinway D dont il se sert pour cet enregistrement, fascinent par leur poésie, ainsi qu'une palette de couleurs large et la multitude de nuances. On apprécie également les qualités de l'ensemble dont il s'accompagne – le Netherlands Chamber Orchestra placé sous la direction du premier violon, –, notamment l'étendue dynamique et la transparence des textures. La prise de son est admirablement détaillée et équilibrée, au point qu'on entend le bruit de clés lors des interventions des instruments à vent, par exemple au début de l'exposition dans le premier mouvement.

En guise de compléments, nous propose deux sonates pour piano seul, composées par et l'élève de celui-ci, , publiées pour la première fois respectivement en 1802 et 1818. La sensibilité du pianiste n'est pas aussi élevée dans Clementi que celle d'un Horowitz ; le Croate semble plutôt animé par le souci de rendre ces prestations cohérentes, en faisant passer la clarté formelle et les contrastes expressifs au premier plan, et en laissant le lyrisme inhérent à ces pages au deuxième. Le titre de ce disque, « The London Connection », est à notre avis un peu forcé, car Beethoven n'a pas composé son concerto en Angleterre, en l'y faisant publier seulement, dans la maison d'édition de Clementi qui voyagea personnellement à Vienne afin de lui rendre visite et négocier cette transcription.

Piano historique


En ce qui concerne l'interprétation proposée par et l' sous la baguette de , nous avons affaire à une lecture « horizontale » : plus intime et plus chambriste que la version signée Lazić, mais en même temps plus chantante, mettant constamment en valeur les finesses harmoniques et la beauté du contour, et visant à nous rendre compte de la symbiose qui existe entre le piano et l'orchestre. C'est grâce à celle-ci que tout semble ici si naturel et en harmonie parfaite avec le caractère de cette musique.

Pour la Symphonie n° 8 du même compositeur, Haselböck nous livre une exécution sur instruments d'époque, soumise aux règles régissant la disposition de l'orchestre d'il y a 200 ans. Flamboyante, aux phrasés souples et d'une plénitude rythmique enivrante, elle échappe aux clichés d'un geste dramatique, tout en rayonnant de vigueur et de gaieté. Comme le signale l'éditeur, l'enregistrement a été effectué dans la salle où cette œuvre avait été entendue pour la deuxième fois, ce qui s'inscrit dans les objectifs de la série « Resound Beethoven » dont ce disque constitue un sixième volume.

Ces deux belles, mais si différentes prestations du Concerto pour piano en majeur de témoignent de la diversité que cette partition offre aux interprètes. À vous de choisir votre référence selon votre goût.

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