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Le spectacle de Dufay par les Gothic Voices

Dans les années 90, du temps de Christopher Page, les imposaient leur suprématie sur la scène musicale ancienne à travers des programmations et des présentations originales. The Dufay Spectacle semble marquer leur retour fastueux.

La virtuosité de , le plus grand compositeur du XVe siècle, renommé à travers l'Europe pour ses œuvres chorales sacrées et ses chansons profanes, jaillit à travers un banquet musical imaginaire du Nouvel An. Divisée en quatre sections (l'accueil, une réflexion, une célébration solennelle et une célébration ludique), ce cadre festif offre la chance d'aborder un programme attrayant de motets richement texturés et de chansons françaises exquises, de diverses formes et styles, où musique sacrée et musique profane se mêlent naturellement tout comme les différentes langues (français, latin et italien). Pour affirmer ce parti-pris, diverses versions et fragments de la chanson « Ce jour de l'an » ponctuent les festivités. Merveilleux procédé afin de révéler l'immédiateté de la musique de Dufay alors que ces pièces peuvent paraître assez énigmatiques à l'oreille d'un auditeur du XXIe siècle.

Sans réverbération excessive dans ce Prieuré de Boxgrove, la prise de son contribue à une intimité appréciable. Composé d'une vihuela d'arco, d'un violon, d'un orgue, d'un régale, d'une harpe de bray, d'un psaltérion, d'une douçaine, d'une chalemie et d'un sacqueboute, l'accompagnement fournit un éventail surprenant de sonorités n'accablant pas les quatre voix. Il est enrichi par l'influence grandement profitable d'Andrew Lawrence-King qui ajoute notamment un tangage de 16 pieds seulement aux points cruciaux de ces pièces. L'instrumentation innovante pour le populaire « Se le fatze ay pale » joué au violon médiéval et à l'orgue, alors qu'on l'entend généralement et exclusivement sur un clavier, donne un rendu plus clair et séduisant. Position inverse avec le poème « Vergene bella » interprété ici a cappella alors qu'il est fréquent d'y entendre des instruments. Des sections instrumentales permettent également d'apprécier dans toute leur amplitude les forces de ces musiciens, soit par le biais d'adaptations d'époque mais aussi par de jouissives improvisations.

Doté du chant exceptionnel de la mezzo Catherine King, les mettent l'accent sur l'expressivité dans les aspects plus cérébraux du contrepoint de Dufay, déployant la richesse mélodique et l'ingéniosité rythmiques de ces motets et de ses chansons, richesse musicale tournée vers le nouvel art de la Renaissance, ces interprètes faisant accéder la musique médiévale à son meilleur.

Un répertoire bien choisi, une thématique inventive et judicieuse, ainsi qu'une interprétation marquante alimentent la grande richesse de ce disque.

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