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Che originali, deux opéras en un

En 2017, le Festival Donizetti proposait un programme original en associant le Pigmalione de Donizetti au Che originali ! de Mayr. En DVD, la qualité de la distribution prend le dessus sur une mise en scène assez fade et peu soignée au niveau des lumières, la réalisation en pâtissant inévitablement, alors que l'Orchestra dell'Accademia Teatro alla Scala limite les intentions du chef .

Créé au San Benedetto de Venise en 1798, Che originali ! narre en un acte l'histoire d'un père fou amoureux de musique, Don Febeo, qui exige de sa fille Aristea qu'elle épouse un homme tourné vers cette même passion dévorante. Ce seront des valets bienveillants qui permettront au prétendant Don Carolino, présenté finalement comme un célèbre compositeur, d'obtenir la main de la jeune femme avec l'aval du patriarche. Parfait dans le style de l'ouvrage, dépeint à merveille ce père excessivement mélomane grâce à une émission impeccable même si quelques graves sont voilés. Dans le rôle de Donna Aristea, la voix de Chiara Amarù apparaît bien trop mûre pour coller avec la jeunesse de son rôle alors que le ténor affirme une expressivité et un timbre lumineux en prétendant vainqueur. La prestation un peu légère d' en petite sœur ingénue s'inscrit pourtant bien dans la couleur à contre-courant que le metteur en scène a cherché à défendre avec ce personnage, alors que les domestiques Biscroma () et Celestina (Gioia Crepaldi), très présents, proposent un duo exemplaire.

Malgré les costumes sixties bien kitchs et hyper colorés d'Ilaria Ariemme, la folie de cette farce paraît bien fade dans cette mise en scène signée Roberto Catalano. La caricature ne se retrouvant ni dans la direction d'acteurs sommaire, ni dans cet espace bien neutre qui collera parfaitement à l'univers contemporain trouvé dans le Pigmalione qui suit. Les différences notables entre les deux œuvres, que ce soit sur le plan musical ou sur le plan dramaturgique, soulignent la démarche artificielle de ce décor unique et du lien créé entre les deux ouvrages.

Le sculpteur Pygmalion, amoureux de sa création Galatée à qui Aphrodite finit par donner vie, entame durant une trentaine de minutes une longue plainte générant une tension palpable. Costumes de ville, ambiance onirique dans une chambre à coucher et visuel en noir et blanc, s'opposent aux couleurs criardes de la production précédente. Plus une scène dramatique pour ténor qu'un « véritable » opéra, les noirceurs romantiques de Pigmalione sont bien dépourvues d'action, nous interrogeant même sur la pertinence d'une mise en scène pour cet ouvrage. Le second personnage statufié (), laisse la part belle à un Antonio Siragusa (Pigmalione) idéalement inspiré dont la voix solide se déploie sans discontinuer durant ces trentaines de minutes, offrant une intériorité conquérante et vibrante.

En fosse, l'Orchestra dell'Accademia Teatro alla Scala manque cruellement d'expérience, permettant une vision personnelle assez limitée de la direction musicale de pourtant soigneux dans chaque intention musicale et dramatique.

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